Dans une initiative révolutionnaire visant à transformer la mobilité électrique en Afrique, des représentants de la République démocratique du Congo (RDC), du Maroc et de la Zambie se sont unis pour développer des chaînes de valeur régionales solides dans les domaines des batteries, des véhicules électriques et des infrastructures de recharge. Organisé par le Bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en Afrique du Nord, cet événement marque le lancement de la deuxième phase du projet régional de promotion des chaînes de valeur de la mobilité électrique dans les trois pays.
Cette collaboration s’appuie sur les forces spécifiques de chaque pays : les vastes réserves de minéraux stratégiques tels que le cobalt et le cuivre de la RDC, les capacités avancées du Maroc dans la fabrication automobile, et le potentiel industriel et d’investissement croissant de la Zambie. Ensemble, ces nations visent à stimuler la croissance économique, réduire la dépendance aux combustibles fossiles et positionner l’Afrique comme un leader mondial des solutions de mobilité durable.
Partenariats stratégiques pour accélérer l’industrialisation verte
Lors de la séance d’ouverture de l’atelier, Crusivia Hichikumba, secrétaire permanente chargée de l’investissement et de l’industrialisation au ministère du Commerce, de l’Industrie et du Commerce de la Zambie, a souligné l’importance de la collaboration régionale. « Les complémentarités entre les ressources naturelles et les expériences de nos pays suffisent à soutenir le développement de chaînes de valeur régionales robustes pour la production de batteries et de leurs précurseurs », a déclaré Mme Hichikumba. « Des partenariats stratégiques comme celui-ci joueront un rôle essentiel dans l’accélération de la trajectoire positive de notre agenda de développement. »
L’initiative reconnaît la mobilité électrique comme un moteur de transformation économique, environnementale et sociale. En Afrique, les véhicules obsolètes contribuent largement aux émissions de gaz à effet de serre, tandis que les infrastructures de transport public restent souvent insuffisantes. Le développement de transports décarbonés est donc essentiel pour atténuer le réchauffement climatique et améliorer les conditions de vie sur le continent.
Marie Pascale Diatuka Malanda, coordinatrice de l’Agence pour la transition écologique et le développement durable de la RDC, a souligné le rôle central de la RDC dans cet effort. « La RDC, riche en minéraux stratégiques tels que le cobalt et le cuivre, a un rôle clé à jouer dans l’avancement des chaînes de valeur de la mobilité électrique », a-t-elle déclaré, appelant à un transfert de technologie et de savoir-faire entre les trois nations pour promouvoir une industrialisation verte et sobre en carbone.
Le leadership du Maroc dans l’innovation automobile
Le Maroc, premier producteur automobile d’Afrique, fabrique un million de véhicules par an depuis deux décennies, dont quatre modèles électriques. Idriss Addahbi, responsable de la stratégie et de l’intelligence au ministère marocain de l’Industrie et du Commerce, a mis en avant les succès du pays dans la transition vers une mobilité verte. « En développant une chaîne de valeur régionale, nous créons des emplois, réduisons notre dépendance aux combustibles fossiles et contribuons à la lutte contre le changement climatique. En unissant nos forces, nous pouvons devenir un leader mondial de la mobilité électrique », a-t-il affirmé.
Un appel à l’intégration régionale
L’atelier, organisé du 9 au 11 décembre 2024, a lancé un appel à l’action pour aligner les visions, mutualiser les ressources et exploiter les atouts uniques de la Zambie, du Maroc et de la RDC. « Ensemble, nous devons élaborer des politiques, des mesures et des initiatives concrètes pour libérer le potentiel de l’Afrique dans la chaîne de valeur mondiale de la mobilité électrique », a déclaré Adam Elhiraika, directeur du Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord.
Les principaux objectifs de l’atelier incluent :
- Développer une feuille de route complète et un plan d’action pour l’avancement des chaînes de valeur de la mobilité électrique.
- Renforcer les capacités techniques dans la production de batteries, l’assemblage de véhicules et les infrastructures de recharge.
- Améliorer l’expertise des décideurs publics et des comités techniques.
- Encourager l’échange de connaissances, les meilleures pratiques et les initiatives collaboratives.
M. Elhiraika a également souligné l’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dans cette démarche. « La ZLECAf offre une plateforme pour harmoniser les politiques et permettre une intégration régionale fluide. Elle peut agir comme un catalyseur pour développer des solutions de mobilité électrique, faciliter les échanges de biens, de savoir-faire et de capitaux, et stimuler la croissance économique régionale », a-t-il expliqué.
Vers un avenir durable
L’atelier, réunissant des décideurs politiques, des représentants du secteur privé et des experts techniques, se conclura par un dialogue politique de haut niveau le 12 décembre 2024. Cette session portera sur l’avenir de l’Afrique dans les chaînes de valeur régionales de l’automobile et de la mobilité électrique.
En exploitant les ressources minérales de l’Afrique et l’expertise technique de pays comme le Maroc, cette initiative cherche à positionner le continent comme un acteur compétitif du secteur mondial de la mobilité électrique. Cette collaboration audacieuse illustre le potentiel transformateur des partenariats régionaux pour relever les défis mondiaux, tels que le changement climatique, tout en stimulant la croissance économique durable.