Le secteur ferroviaire africain vit sa plus grande phase d’expansion depuis des décennies. Plus de 7 000 km de nouvelles voies sont en cours de construction ou de planification, marquant une profonde évolution du transport et du commerce sur le continent. Cette renaissance est alimentée par trois tendances majeures qui redéfinissent son avenir.
1. Le retour en force des projets de grande envergure
Historiquement financés par les gouvernements, les projets ferroviaires se heurtent aujourd’hui aux contraintes budgétaires. C’est pourquoi les institutions financières de développement ont pris le relais. Elles injectent des capitaux dans de vastes projets, souvent transfrontaliers, qui n’auraient pas vu le jour autrement. Ce soutien financier catalyseur ouvre de nouveaux corridors de croissance. Des institutions comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou l’Africa Finance Corporation jouent un rôle crucial, avec des projets phares en Tanzanie, en Égypte ou au Nigeria, transformant le paysage logistique du continent.
2. Une implication croissante du secteur privé
Malgré la prédominance des réseaux publics, l’implication du secteur privé s’intensifie. Au-delà des projets liés à l’exploitation minière, de nouveaux modèles de partenariat public-privé (PPP), de concessions et de péages voient le jour. C’est le cas en Égypte, qui autorise les opérateurs privés à utiliser son réseau public, ou en Afrique du Sud, où des lignes pourraient être partiellement privatisées. Cette tendance fait passer les chemins de fer d’une simple fonction industrielle à des corridors économiques multi-usages, ouvrant la voie à une intégration régionale plus forte. D’ici 2030, on estime que les lignes privées ou en PPP pourraient représenter jusqu’à 12 % du réseau africain.
3. L’émergence de la grande vitesse
Si les trains à grande vitesse sont bien implantés en Asie et en Europe, ils font leur apparition en Afrique, principalement en Afrique du Nord. Le Maroc, avec sa ligne Al Boraq, a ouvert la voie en 2018 et prévoit de l’étendre jusqu’à Marrakech. De son côté, l’Égypte construit un vaste réseau national de 2 000 km, dont une première ligne de 660 km est déjà en cours. Ces projets ambitieux démontrent la capacité de l’Afrique à se moderniser et à offrir des services de transport de passagers rapides et fiables, essentiels pour la connectivité des villes et des centres économiques.
Un rôle stratégique pour l’avenir de l’Afrique
Le rail est appelé à devenir l’épine dorsale des échanges commerciaux en Afrique. Un réseau ferroviaire efficace et interconnecté pourrait réduire de manière drastique les délais de transport, stimulant l’industrialisation, le commerce agricole et l’intégration des marchés régionaux. Des économies comme celles de l’Amérique du Nord, de l’Europe ou de l’Asie ont connu un essor en grande partie grâce à leurs réseaux ferroviaires. Le succès économique futur de l’Afrique est désormais lié aux choix d’investissement qui seront faits aujourd’hui.
Pour encourager cette dynamique, l’Africa Finance Corporation (AFC) a créé une carte numérique interactive des chemins de fer africains, consultable à l’adresse http://map.africafc.org. Cet outil vise à attirer les investisseurs et à favoriser la collaboration pour transformer ces ambitions en réalité.