La République démocratique du Congo (RDC) a pour ambition de développer une filière ferroviaire autonome afin de moderniser son réseau de transport, diminuer sa forte dépendance aux produits manufacturés étrangers et générer de la valeur ajoutée sur son territoire.
Dans cette optique de relance du transport ferroviaire national, le pays a lancé un appel à manifestation d’intérêt à l’échelle internationale pour l’établissement d’une usine dédiée à l’assemblage et au montage de matériel roulant (trains, wagons et locomotives).
Un Impératif de Diversification
Ce projet est piloté par le Ministère des Transports, des Voies de Communication et du Désenclavement. Il intervient alors que la RDC cherche activement à diversifier ses options de transport en raison de l’engorgement et du coût élevé du réseau routier actuel. La réhabilitation du rail est perçue comme la solution durable essentielle pour optimiser les flux commerciaux et améliorer la connectivité à travers le pays.
Après la rénovation de la liaison Kinshasa-Matadi (366 km), les autorités planifient désormais son extension stratégique vers le futur port en eaux profondes de Banana. Cette démarche vise à optimiser l’efficacité logistique entre les zones d’extraction minière et les installations portuaires cruciales.
Partenariat et Transfert de Compétences
L’appel d’offres en cours prévoit la création d’une unité d’assemblage qui sera capable de construire plusieurs dizaines de locomotives et de wagons chaque année. Ce programme est conditionné à un transfert de savoir-faire ciblé vers les ingénieurs et techniciens congolais.
Ce partenariat public-privé (PPP), envisagé pour une période de 25 à 30 ans, comprendra également l’instauration d’un écosystème complet de maintenance, de formation spécialisée et d’approvisionnement en pièces de rechange. Deux sites principaux sont à l’étude pour accueillir ces infrastructures : Matadi, le principal port maritime, et Kalemie, un nœud central du réseau ferroviaire de la région du Tanganyika.
Les Conditions de la Réussite
Pour le gouvernement de Kinshasa, l’objectif est de jeter les bases d’une industrie ferroviaire véritablement nationale. La réussite de cette initiative dépendra néanmoins de l’accompagnement du projet par des investissements conséquents dans la formation professionnelle et le développement de la sous-traitance locale.
Sans ces actions préparatoires, le risque majeur est de se limiter à une simple activité d’assemblage de composants importés, sans création de réelle plus-value locale. Les exemples de nations comme l’Égypte ou l’Afrique du Sud démontrent que l’établissement d’une filière ferroviaire pérenne nécessite un tissu industriel et technique solide ancré dans le long terme.
Enjeux Régionaux et Mondiaux
Cette ambition dépasse le cadre strictement national. En s’intégrant plus efficacement aux corridors logistiques régionaux, notamment celui de Lobito et du Tanganyika, la RDC consolide sa position géostratégique dans les échanges entre l’Afrique australe et les marchés de l’océan Indien.
En soutenant la création de cette capacité ferroviaire locale, le pays ne cherche pas seulement à renforcer sa souveraineté logistique, mais aussi à réduire significativement les coûts d’exportation du cobalt et du cuivre – des ressources minérales vitales pour la transition énergétique mondiale.

