Faciliter la circulation des personnes à travers le continent africain : c’est le sujet au cœur des échanges entre le secteur privé et la société civile, réunis pour un dialogue politique par la Banque africaine de développement et la Commission de l’Union Africaine, à Abidjan le 12 décembre 2025.
Cette rencontre a marqué les 10 ans de l’Indice d’ouverture des visas en Afrique (IOVA), qui mesure le degré d’ouverture des pays africains aux voyageurs en provenance du continent. Les participants, notamment des représentants du secteur privé, des partenaires au développement et des membres de la société civile, ont discuté de la manière dont une circulation plus libre favorise le commerce, l’emploi et l’intégration régionale, et des raisons pour lesquelles les progrès demeurent inégaux.
Nnenna Nwabufo, vice-présidente du Groupe de la Banque africaine de développement, chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la prestation de services, a souligné que les politiques d’ouverture des visas contribuent à stimuler le commerce, le tourisme et les investissements. Elle a exhorté les gouvernements à transformer les engagements politiques en actions concrètes.
« Plus d’une décennie d’expérience démontre que l’ouverture des visas peut constituer un choix de développement délibéré. Cela renforce le commerce, le tourisme, les investissements et la confiance régionale », a déclaré Nwabufo.
Les intervenants ont convenu que l’ouverture des visas dépend largement de la volonté politique. Certains ont reconnu la légitimité des préoccupations sécuritaires et de capacités des pays, tout en affirmant que celles-ci servent souvent de prétexte pour retarder les réformes. D’autres interventions ont mis en évidence le décalage entre les objectifs d’intégration affichés par l’Afrique et l’expérience quotidienne des voyageurs et des entreprises, renforçant l’idée que la réforme de la mobilité repose autant sur la confiance que sur les procédures.
Ladislas Nze Bekale, représentant spécial du président de la Commission de l’Union africaine en Côte d’Ivoire, a déclaré que les progrès réalisés au cours de la dernière décennie montrent que le changement est possible, mais a appelé à une action plus rapide. Il a exhorté les gouvernements à progresser vers un marché africain unique centré sur les populations.
Dans une allocution virtuelle, le professeur Melaku Desta de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a affirmé que la vision d’une Afrique plus ouverte est réaliste, mais que l’élan politique est lent. Près de huit ans après l’adoption par l’Union Africaine du Protocole sur la libre circulation des personnes, seuls quatre pays l’ont ratifié.
Félicitant la Banque africaine de développement pour le rapport, Desta a particulièrement approuvé la vision Africazone exposée dans le rapport 2025 de l’Indice d’ouverture des visas en Afrique, la décrivant comme non seulement nécessaire mais entièrement réalisable.
Melaku Desta a appelé à une collaboration entre la CEA et la Banque pour traduire les analyses factuelles en stratégies concrètes permettant de surmonter l’inertie politique.
L’Afrique progresse, mais peut mieux faire
Dr Joy Kategekwa, directrice du Bureau de coordination de l’intégration régionale à la Banque, pour sa part, a reconnu des gains tangibles tout en soulignant que les progrès restent en deçà des ambitions de l’Afrique. Elle a appelé à des réformes plus rapides, des coalitions plus larges et un leadership politique soutenu. « C’est ici que commence le prochain chapitre. Cela commence avec vous », a-t-elle déclaré, tandis que les participants signaient symboliquement un mur d’engagement pour une Afrique sans visa.
Le jeudi 18 décembre 2025, le rapport 2025 sur l’ouverture des visas en Afrique a été officiellement lancé lors du neuvième Forum panafricain sur les migrations au Cap, en Afrique du Sud. En présentant le rapport, les responsables ont réitéré que la mobilité est le moteur de l’intégration africaine – alimentant le commerce, les compétences, les investissements et les opportunités.
Selon le rapport, le score moyen continental est passé à 0,448. Les dix pays les plus ouverts ont atteint une moyenne de 0,890, tandis que les vingt premiers ont atteint 0,781, soulignant à la fois le potentiel de réforme et l’urgence pour les États à la traîne. Les voyages sans visa sont passés de 20 % en 2016 à 28 % en 2025, permettant à des millions d’Africains supplémentaires de voyager pour affaires, tourisme, famille et études. La disponibilité des visas électroniques est passée de neuf pays en 2016 à 31 aujourd’hui, reflétant la numérisation et l’amélioration de la gestion des frontières.
Cependant, l’accès aux visas à l’arrivée a diminué, passant de 28 % en 2020 à 20 % en 2025, et les exigences de visa avant le voyage n’ont que légèrement diminué, passant de 55 % à 51 %.
Parmi les pays ayant enregistré des améliorations notables cette année figurent le Kenya, l’Érythrée, la Guinée équatoriale, la Zambie, le Burkina Faso, le Mozambique, la République démocratique du Congo, le Botswana, le Mali, l’Égypte et la Tanzanie. Au cours de la décennie, le Rwanda et la Gambie ont atteint une ouverture totale, tandis que le Kenya, le Ghana, la Namibie, la Zambie, le Zimbabwe et le Malawi ont également réalisé des progrès significatifs. Ces réformes reflètent un continent qui s’aligne progressivement sur son agenda de libre circulation.
Accéder au rapport sur l’Indice d’ouverture aux visas 2025 ici.

