Les industries africaines mènent une campagne de dernière minute pour prolonger l’African Growth and Opportunities Act (AGOA), un accord commercial clé qui leur permet d’exporter des biens vers les États-Unis sans droits de douane. Face à des politiques commerciales américaines de plus en plus protectionnistes, les perspectives de renouvellement du programme, qui doit prendre fin en septembre, sont incertaines.
Une mission de plaidoyer à Washington
Pour sauver l’accord, des délégations composées de chefs d’entreprise et de représentants gouvernementaux de plusieurs nations africaines se sont récemment rendues à Washington. L’objectif était de faire pression sur le Congrès américain pour obtenir une extension temporaire d’un ou deux ans. Pankaj Bedi, président d’une importante entreprise textile kényane, a confirmé avoir rencontré plus de 30 acteurs politiques, incluant des membres du Congrès et des collaborateurs de la Chambre.
Selon M. Bedi, le soutien à l’AGOA est bipartisan, et les politiciens démocrates et républicains se sont montrés favorables à un renouvellement. Cependant, l’incertitude demeure quant à la capacité du Congrès à adopter une loi de prolongation dans les délais impartis.
Enjeux économiques et stratégiques
L’AGOA, mis en place en 2000, est un pilier de l’économie africaine, soutenant des centaines de milliers d’emplois dans les secteurs du textile, de l’automobile et des mines. En plus d’être un instrument de développement économique, les législateurs américains le considèrent également comme un outil stratégique pour contrer l’influence croissante de la Chine sur le continent.
L’interruption du programme aurait des conséquences dramatiques pour les fabricants africains, qui verraient leurs coûts d’exportation vers les États-Unis grimper de manière significative. Par exemple, les droits de douane sur les textiles synthétiques pourraient passer de 10 % à 43 %, ce qui pourrait provoquer un effondrement de l’industrie. « Ce serait comme un château de cartes qui s’écroule », a averti M. Bedi, craignant des licenciements massifs.
En cas d’échec de la prolongation, M. Bedi a également souligné que les États-Unis risqueraient de devenir encore plus dépendants des fournisseurs asiatiques, ce qui, paradoxalement, profiterait à la Chine. Les autorités américaines, pour leur part, n’ont pas encore fait de commentaire public sur le sujet.