Afrique du Sud : Déclaration conjointe des ministres des Relations internationales et de la Coopération, et du Commerce, de l’Industrie et de la Concurrence

En réponse à l’imposition de droits de douane par le gouvernement des États-Unis, l’Afrique du Sud continuera de faire face aux défis et de saisir les opportunités que présentent ces mesures, avec résilience et innovation.

L’adaptation stratégique de l’Afrique du Sud aux droits de douane américains : promouvoir les intérêts nationaux par la politique et la stratégie
Le nouveau régime tarifaire résultant de la décision des États-Unis d’Amérique, qui ne vise pas uniquement l’Afrique du Sud mais l’ensemble du monde, appelle des réponses stratégiques afin de maintenir et développer notre base industrielle — un levier essentiel pour poursuivre une croissance inclusive.

En réponse à l’imposition de droits de douane par le gouvernement américain, l’Afrique du Sud continuera à faire face aux défis et à saisir les opportunités engendrés par ces mesures avec résilience et innovation. Guidée par ses intérêts nationaux et en cohérence avec sa politique commerciale et industrielle, l’Afrique du Sud s’engage à assurer la croissance économique, le développement industriel et le bien-être de ses citoyens.

L’Afrique du Sud entend :
1. Négocier des accords avantageux
L’Afrique du Sud s’efforcera de préserver les opportunités, dans un contexte de retrait rapide des dispositifs préférentiels accordant à nos exportations un accès privilégié au marché américain. Cela pourrait inclure l’obtention d’exemptions supplémentaires et d’accords de quotas avantageux, garantissant à nos industries un accès stratégique au marché américain, notamment via des coopérations sectorielles. Cela s’inscrit dans l’intérêt national de promouvoir la prospérité économique et de protéger les moyens de subsistance des Sud-Africains.

2. Diversifier et élargir les relations commerciales
Des efforts seront intensifiés pour diversifier les destinations d’exportation, en visant des marchés en Afrique, mais aussi en Asie, en Europe, au Moyen-Orient et dans les Amériques.

Dans ce cadre, des accords bilatéraux pourront être envisagés, dès lors qu’ils servent l’intérêt national. Sous la présidence sud-africaine du G20, comme l’ont montré les récents échanges au sein du groupe de travail sur le commerce et l’investissement (TIWG), la question de la diversification géographique des chaînes d’approvisionnement est un défi commun à toutes les économies ouvertes.

Cette diversification soutient la stratégie industrielle de l’Afrique du Sud et réduit sa dépendance à des marchés uniques pour ses exportations, ou à des fournisseurs uniques pour ses intrants intermédiaires — contribuant à renforcer la résilience en phase avec les priorités économiques nationales.

3. Renforcer la coopération commerciale régionale
L’Afrique du Sud exploitera les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour stimuler le commerce intra-africain, favorisant ainsi une intégration économique régionale plus forte. Cette approche correspond à l’intérêt national de contribuer à une Afrique et un monde meilleurs.

4. Miser sur la production à plus forte valeur ajoutée
Les industries donneront la priorité à la transformation des matières premières en produits finis de plus grande valeur, ce qui réduira l’exposition tarifaire tout en stimulant l’innovation et la rentabilité. Cela soutient les objectifs de la politique industrielle de l’Afrique du Sud : stimuler la fabrication locale et créer des emplois.

5. Stimuler la croissance domestique
Le gouvernement investira de manière stratégique dans les industries affectées par les droits de douane, soutenant la croissance économique à travers la modernisation et le développement ciblé des infrastructures. Cela répond à l’intérêt national d’assurer le bien-être de ses citoyens.

6. Forger des alliances mondiales
L’Afrique du Sud continuera de construire des partenariats stratégiques avec d’autres pays, renforçant ainsi sa collaboration et son influence dans les négociations commerciales internationales. Cela reflète l’intérêt national de consolider ses liens diplomatiques et économiques à l’échelle mondiale.

La stratégie tarifaire et industrielle de l’Afrique du Sud vise à soutenir le développement industriel, la croissance de l’emploi et la résilience économique. En alignant ces politiques sur ses intérêts nationaux, le pays s’assure de construire une économie plus forte, diversifiée et résiliente, capable de faire face à la complexité croissante du commerce mondial.

Cette approche s’appliquera également au décret présidentiel du 7 février, actuellement examiné par une équipe interministérielle composée des départements concernés.

Détails des mesures tarifaires américaines
Les droits de douane de 31 % mis en place par l’administration américaine entreront en vigueur le 9 avril 2025. Le tarif moyen appliqué par l’Afrique du Sud est de 7,6 %, d’où la nécessité pour Pretoria d’obtenir des clarifications sur les fondements justifiant un droit aussi élevé de la part des États-Unis.

Il est important de noter que des produits comme le cuivre, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les articles en bois, certains minéraux critiques ainsi que les produits énergétiques ont été exemptés des droits de douane réciproques. Certains de ces matériaux sont d’ores et déjà essentiels aux chaînes d’approvisionnement américaines. Selon le United States Geological Survey, 97 % des besoins américains en minerai de chrome proviennent d’Afrique du Sud, ainsi que 6 % des importations de spath fluor et 24 % des besoins en manganèse.

Ces droits réciproques ne s’appliqueront pas aux produits déjà soumis aux droits de douane de 25 % relevant de la section 232, tels que l’acier, l’aluminium, les automobiles et les pièces détachées.

Conséquences pour l’Afrique
Ces droits réciproques annulent de fait les préférences dont bénéficiaient les pays d’Afrique subsaharienne dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Ces mesures tarifaires généralisées auront des conséquences sur plusieurs secteurs de notre économie, notamment l’automobile, l’agriculture, les produits alimentaires transformés, les boissons, la chimie, la métallurgie et d’autres segments de l’industrie manufacturière, avec des implications sur l’emploi et la croissance.

En 2024, les États-Unis représentaient 7,45 % des exportations totales de l’Afrique du Sud, tandis que cette dernière ne représentait que 0,4 % des importations totales des États-Unis. L’Afrique du Sud ne constitue donc pas une menace pour l’économie américaine, et lorsque déséquilibre commercial il y a, il concerne principalement les produits agricoles, à caractère contre-cyclique, ou les minerais indispensables à l’industrie américaine.

L’Afrique du Sud poursuivra ses efforts pour renforcer la résilience de son offre intérieure, réduire les coûts de production et améliorer la compétitivité de son économie. Elle poursuivra aussi la diversification de ses marchés d’exportation dans le cadre de sa stratégie de résilience.

Les opportunités d’accès au marché sont nombreuses, qu’elles proviennent d’accords commerciaux ou de partenariats stratégiques avec des pays du monde entier. La ZLECAf reste largement sous-exploitée, au-delà de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

De plus, l’Afrique du Sud bénéficie d’un accès préférentiel aux marchés via l’Union douanière d’Afrique australe, la SADC, l’Accord de partenariat économique (APE) SADC-UE, l’APE SACU+Mozambique-Royaume-Uni, l’Association européenne de libre-échange (AELE), le MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) ainsi que le Système de préférences généralisées du Japon. Le gouvernement renforce également ses relations avec des pays d’Asie et du Moyen-Orient pour ouvrir de nouveaux débouchés à ses exportations. Ces efforts commencent à porter leurs fruits, notamment pour les produits agricoles.

En conclusion
Pour reprendre les mots de la Présidence : l’Afrique du Sud reste attachée à une relation commerciale mutuellement bénéfique avec les États-Unis. Toutefois, l’imposition unilatérale de droits de douane punitifs demeure une source de préoccupation et constitue un obstacle au commerce et à la prospérité partagée.

Ces mesures soulignent l’urgence de négocier un nouvel accord bilatéral équilibré avec les États-Unis, afin d’instaurer des relations commerciales plus équitables et de garantir une prévisibilité durable pour les échanges à venir.