L’histoire, c’est un fait, retracer le passé ; mais notre présent a aussi un passé et, forcément, passé et présent sont les deux données incontournables qui forgeront notre avenir… L’Avenir du Chemin de Fer n’échappe pas à cette règle. Le mois de juillet 2024, a caractérisé les 90 ans d’existence du CFCO.
Depuis 90 ans que le chemin de fer existe en République du Congo, il s’est révélé, comme partout dans le monde, un élément majeur du développement économique mais aussi social. Grand pourvoyeur d’emplois, il était également doté de services annexes tels que : Le service socio-médical, les écoles de formation… qui l’ont rendu très populaire.
Cet anniversaire est à nouveau l’occasion de saluer en premier lieu les BÂTISSEURS de 1934 et en second, les Autorités Congolaises, particulièrement Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo, pour le challenge et la réussite du Réalignement en 1984. Mais justement, la question légitime est : quel avenir pour le transport ferroviaire au Congo ?
Si l’on se penche sur la genèse de ce moyen de transport dans le monde, notamment en Afrique, on remarque que le chemin de fer a connu des périodes fastes, fastueuses même, entrecoupées de moments de crise, de doute et de stagnation.
Partie prenante d’un environnement économique et social, le transport ferroviaire ne peut qu’épouser son temps du fait des enjeux : écologiques, miniers, ou de mobilités…
Le combat rail /route a tantôt avantagé le rail, tantôt la route…
D’ailleurs, lorsqu’on analyse l’évolution des chemins de fer dans le monde, on constate dans la plupart des pays un renouveau alors que le Congo connait un « décrochement », un recul de ce moyen de transport par rapport à ce qu’il fut jusque dans les années 80.
Pourtant, nous vivons une époque où l’on assiste sur tous les continents à l’explosion des services ferroviaires, la PERTINENCE des chemins de fer reste entière et son avenir aussi prometteur que son passé fut glorieux….
Aujourd’hui, de nouvelles donnes s’imposent à notre pays :
– La légitime préoccupation des autorités pour la protection de l’environnement,
– L’envol du prix des produits pétroliers,
– La concentration du transport conteneurisé par les grands transporteurs (Armateurs),
– Le développement continu du Port Autonome de Poire-Noire,
– La concentration urbaine qui rend de plus en plus difficile la circulation automobile, augmente la pollution et pénalise les automobilistes…
La conjonction de ces éléments plaide pour le développement du transport ferroviaire qui, en tant que moyen de transport de masse incomparable, possède non seulement les atouts nécessaires pour répondre à ces problématiques, mais peut accompagner la République du Congo vers des horizons nouveaux qui lui prédisent un Bel Avenir…
Les nouvelles technologies ferroviaires alliant le confort, la ponctualité et la rapidité permette au chemin de fer de s’imposer comme une meilleure alternative que la route et même à l’avion, notamment sur des distances égales ou même légèrement supérieures à 500 kilométrés !
Le transport ferroviaire faible consommateur d’énergie est par conséquent le moyen le plus approprié et le mieux adapté, pour transporter en toute sécurité des millions de voyageurs, des milliers de tonne de fret au moindre coût, tout en respectant l’environnement et se relevant comme un régulateur économique.
II faut noter que dans la plupart des pays développés, les chemins de fer contribuent pour une partie importante de la richesse nationale pour laquelle, non seulement les organismes de gestion des réseaux, mais les gouvernements eux-mêmes, se soucient tout particulièrement de l’avenir, de leurs réseaux ferroviaires sur le moyen et le long terme, et ce, pour des motifs tenant à l’économie nationale, certes, mais aussi aux liens étroits qui existent entre la prospective ferroviaire et le développement du pays.
Ce constat devrait inciter le CFCO à entreprendre des études afin de déterminer les besoins futurs de transports, cherchant à prévoir en même temps la part du trafic qui devrait revenir au rail et les paramètres Qualitatifs et Quantitatifs de la capacité de transport qui serait nécessaire pour y faire face.
Sur la base de ces études, le Gouvernement pourrait ainsi définir pour les prochaines années, un concept d’Avenir du CFCO, soit dans le cadre de la planification d’ensembles, englobant toute la politique des transports, soit limité au réseau ferroviaire en mettant un accent particulier pour consolider le réseau transversal, c’est-à-dire la ligne existante, tout en se projetant sur un futur réseau vertical en d’autres termes, la mise en œuvre du projet Nord Congo.
Un des plus grands défis qui se posent au CFCO et au Gouvernement, est de s’atteler avec succès à la modernisation de l’infrastructure existante, et à la construction des nouvelles lignes en adoptant des normes et en faisant des choix techniques pertinents pour l’ensemble des lignes existantes et futures en République du Congo.
Demain, la REGENERATION du réseau CFCO, l’amélioration de la qualité de service, la promotion du tourisme en République du Congo aussi bien local qu’international à travers le train, la concrétisation du projet Nord Congo, du Pont Rail-Route entre Brazzaville et Kinshasa, ainsi que la valorisation de la chaine multimodale de transport…tout cela permettra sans doute au CFCO d’imposer son rythme et de regagner le terrain perdu.
« Notre devoir parce qu’il s’agit de l’intérêt national » nous obligent et nous invitent à accélérer le développement du transport ferroviaire et à entreprendre au plus vite sa modernisation pour en faire, à l’instar des pays développés, un véritable vecteur de progrès et un précieux outil de développement durable du Congo moderne ».
Les premiers bourgeons du printemps du CFCO sont déjà en fleurs, du fait des aménagements en cours au Port de Pointe-Noire…il nous appartient à tous, à terme de les mettre en œuvre et de les préserver !
LE CFCO : UNE HISTOIRE DOULOUREUSE,
AUX ENJEUX MULTIPLES ! Bon Anniversaire.
Par Jésus Providence Niazaire[1]
[1] Jésus Providence NIAZAIRE est Expert et Consultant ferroviaire auprès de l’UIC (Union Internationale des Chemins de Fer), membre de l’AFFI, l’Association Ferroviaire Française des Ingénieurs et Cadres. Ancien Directeur Stratégie et Développement Commercial d’IEC International, un tech think-tank privé pour les infrastructures et la planification des transports, il est originaire d’une famille de cheminots.