L’économie sud-africaine, fortement tournée vers les échanges commerciaux, fait face à des risques croissants à mesure que les entreprises décarbonent leurs chaînes d’approvisionnement et que certains pays commencent à imposer des pénalités sur les importations à forte intensité carbone, alerte l’organisation Net Zero Tracker (NZT).
Selon cette plateforme numérique de suivi des engagements mondiaux en matière de décarbonation, la dépendance du réseau électrique sud-africain au charbon – qui entraîne une forte intensité en CO₂ incorporé – rend le pays particulièrement vulnérable. Cette situation menace des milliards de dollars de revenus à l’exportation ainsi que des centaines de milliers d’emplois. Ces conclusions sont issues du dernier rapport de NZT, intitulé Carbon Competitiveness: South Africa at the Net Zero-Trade Nexus.
Le rapport indique que 78 % des 135 milliards de dollars d’exportations sud-africaines sont destinés à des pays ayant adopté des objectifs de neutralité carbone, soutenant ainsi 1,2 million d’emplois, soit environ 7 % de l’emploi national.
Pour les exportateurs de pays comme l’Afrique du Sud, qui ne disposent pas de mécanismes crédibles de tarification du carbone, les mécanismes d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) représentent un risque croissant : perte de compétitivité, accès réduit aux marchés et pertes d’emplois potentielles.
NZT estime que 422 000 emplois sud-africains dépendent actuellement des exportations vers des juridictions qui appliquent (ou s’apprêtent à appliquer) de tels mécanismes, comme l’Union européenne (mise en œuvre complète en 2026) et le Royaume-Uni (en 2027). Par ailleurs, 89 000 emplois supplémentaires sont liés à des économies qui envisagent d’instaurer des mesures similaires.
Le rapport souligne qu’au sein de tous les principaux secteurs exportateurs, il existe des producteurs concurrents dans d’autres pays affichant des niveaux d’émissions incorporées bien inférieurs. Ainsi, le secteur sud-africain des métaux de base présente près du double des émissions de CO₂ de son concurrent international le plus intensif.
De plus, dans toutes les grandes catégories agricoles exportées, les producteurs alternatifs génèrent au moins trois fois moins d’émissions que leurs homologues sud-africains.
Dans les 10 principaux marchés d’exportation de l’Afrique du Sud, au moins 323 multinationales, représentant un chiffre d’affaires cumulé de 11 000 milliards de dollars, se sont engagées sur des objectifs « Scope 3 » (couvrant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement) en matière de neutralité carbone, ce qui exerce une pression directe sur les fournisseurs pour réduire les émissions incorporées de leurs produits.
Le NZT conclut :
« L’accélération de la décarbonation du réseau électrique est la mesure la plus déterminante que l’Afrique du Sud puisse prendre pour préserver sa compétitivité à l’exportation et réduire ses émissions liées au commerce international. »
Source : FREIGHT NEWS