La CEDEAO adopte des mesures pour réduire les taxes et redevances du transport aérien et abaisser le coût des voyages aériens en Afrique de l’Ouest

CEDEAO – Les Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lors de leur Sommet tenu en décembre 2024 à Abuja, ont adopté une mesure historique visant à réduire le coût des voyages aériens dans toute la région. À partir du 1er janvier 2026, tous les États membres de la CEDEAO supprimeront les taxes appliquées au transport aérien et réduiront de 25 % les redevances passagers et de sécurité.

Cette décision intervient dans un contexte de croissance freinée depuis des années dans le secteur du transport aérien de la région, principalement en raison de taxes, redevances et, dans certains cas, frais excessifs qui réduisent la demande de voyages. Cette situation a limité la capacité des gouvernements à mobiliser des recettes suffisantes pour investir dans les infrastructures et services aéroportuaires, réduisant ainsi l’attrait du secteur comme moteur de développement économique. Le cycle qui en découle — forte taxation, faibles volumes de voyageurs et recettes limitées — continue de peser sur le secteur aérien, malgré les efforts constants des compagnies aériennes régionales.

Le Sommet a également pris en compte les préoccupations récurrentes émises par les passagers, les compagnies aériennes et les experts du secteur concernant le coût élevé des voyages aériens en Afrique de l’Ouest. Des études menées par la CEDEAO, l’Union africaine, l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) et l’Association internationale du transport aérien (IATA) montrent de façon constante que l’Afrique de l’Ouest figure parmi les régions les plus coûteuses au monde pour voyager en avion. Actuellement, les passagers doivent s’acquitter de jusqu’à 66 redevances distinctes, tandis que les compagnies aériennes font face à plus de 100 frais lorsqu’elles opèrent des vols. Comparés aux moyennes mondiales, les coûts dans la région CEDEAO sont 85 % plus élevés pour les vols régionaux et 82 % plus élevés pour les liaisons internationales.

Ces tarifs aériens élevés ont des conséquences considérables. Ils découragent les déplacements, limitent les opportunités commerciales, ralentissent le développement du tourisme et compromettent le programme phare de la CEDEAO relatif à la libre circulation des personnes et des biens. Alors que l’Afrique du Nord représente environ 40 % du trafic aérien du continent, l’Afrique de l’Ouest peine à atteindre la moitié de cette part, avec une seule route dans la région — Accra-Lagos — figurant parmi les dix liaisons intra-africaines les plus fréquentées.

En adoptant l’Acte additionnel sur les redevances, taxes et frais aéronautiques, la CEDEAO aborde ces défis structurels de manière globale. La nouvelle politique est conforme aux principes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et de la Convention de Chicago, qui promeuvent des pratiques aéronautiques équitables, transparentes et non discriminatoires à l’échelle mondiale. Elle vise également à renforcer la compétitivité des compagnies aériennes ouest-africaines, à consolider les aéroports et à stimuler l’investissement dans les infrastructures aériennes.

Les avantages attendus de la réforme sont considérables. Les prix des billets pourraient baisser jusqu’à 40 %, rendant le transport aérien accessible à une plus grande partie de la population. Les compagnies aériennes devraient transporter davantage de passagers, tandis que les aéroports et les communautés environnantes bénéficieront d’un trafic accru et d’une activité économique renforcée. Le tourisme et les voyages d’affaires devraient connaître un essor, tandis que les gouvernements devraient, à long terme, générer davantage de recettes grâce à un secteur du transport aérien plus solide et plus dynamique.

La mise en œuvre de cette réforme nécessitera la coopération de toutes les parties prenantes. Bien que, selon son régime juridique, les Actes additionnels adoptés par l’Autorité des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO soient automatiquement contraignants et applicables, les États membres doivent apporter les amendements nécessaires à leurs lois nationales, politiques et documents connexes afin d’assurer l’application uniforme de l’Acte. Les compagnies aériennes devront également répercuter les réductions de coûts sur les passagers grâce à des tarifs plus bas.

À cette fin, la Commission de la CEDEAO surveillera la mise en œuvre à travers un nouveau Mécanisme régional de surveillance économique du transport aérien et continuera de promouvoir des initiatives complémentaires, notamment la location régionale d’avions, les installations d’entretien conjointes et l’harmonisation des normes de sécurité.

Au-delà de la réduction des coûts, la réforme devrait renforcer l’intégration régionale en facilitant la circulation des personnes, des biens et des services. Un transport aérien plus abordable permettra aux familles de se reconnecter plus facilement, d’élargir les opportunités commerciales transfrontalières et de renforcer les liens socio-économiques qui unissent la région.

À l’horizon 2026, les cieux de l’Afrique de l’Ouest devraient devenir plus ouverts, compétitifs et accessibles, apportant des bénéfices tangibles aux voyageurs et contribuant à la croissance de l’économie régionale.