Avec les coopératives agricoles, le Sénégal améliore ses chaînes de valeur agroalimentaires

L’amélioration de ces chaînes de valeur renforce la sécurité alimentaire, stimule la croissance économique et crée des emplois durables.

Les coopératives agricoles permettent aux agriculteurs de mutualiser leurs ressources afin d’obtenir de meilleurs prix pour leurs produits et d’accéder à davantage de marchés, y compris à l’international.

Au Sénégal, près d’un tiers des producteurs de mangues et d’oignons appartiennent à l’une des 29 coopératives créées ou modernisées grâce au programme PACAO. Ces coopératives ont établi de nouveaux liens entre les agriculteurs, les entreprises de transformation alimentaire et les exportateurs capables de vendre ces produits à l’étranger.

L’amélioration de ces chaînes de valeur renforce la sécurité alimentaire, stimule la croissance économique et crée des emplois durables.

« Avant la création de notre coopérative, chacun travaillait de son côté, sans coordination », explique Cheikh Mbacké Mboup, ingénieur agronome de formation avec 42 ans d’expérience dans l’agriculture. « Cela nous empêchait de mutualiser nos ressources et de négocier de meilleurs prix. Nous étions dispersés, ce qui limitait notre capacité de production et de vente. »

Aujourd’hui, il est président de la Coopérative des producteurs de fruits, légumes et bétail (COOPROFEL). Située à Keur Mbir Ndao, à environ 70 kilomètres de Dakar, la coopérative compte désormais 635 membres.

Créée en 2007, COOPROFEL a réorganisé sa structure et son fonctionnement en 2021 avec le soutien du Centre du commerce international (CCI), via le Programme d’Assistance à la Compétitivité de l’Afrique de l’Ouest – Composante Sénégal (PACAO-Sénégal).

Elle fait partie des 29 coopératives accompagnées par le programme, regroupant près de 70 000 producteurs de mangues et d’oignons. Ces coopératives représentent à elles seules 31 % de la production nationale d’oignons et 29 % de celle de mangues.

Avant de collaborer avec PACAO-Sénégal, COOPROFEL, active sur les chaînes de valeur de la mangue et de l’oignon, devait faire face à de nombreux défis.

Une meilleure organisation des chaînes de valeur

Grâce au soutien du programme, les membres de COOPROFEL ont bénéficié de formations aux bonnes pratiques agricoles, au marketing, au leadership, à la communication, à la gestion organisationnelle et financière. Ces formations ont été complétées par la mise en place d’un manuel de procédures financières et comptables, permettant une meilleure traçabilité des opérations.

L’organisation est essentielle à la compétitivité des chaînes de valeur et améliore l’accès des producteurs aux marchés et aux intrants. Marianne Diattara, productrice depuis plus de 25 ans et actuelle trésorière générale adjointe de COOPROFEL, en témoigne :

« Aujourd’hui, le marché est beaucoup plus accessible. Récemment, nous avons participé à de grands salons organisés à Dakar », explique-t-elle.

« Désormais, nos mangues sont exportées vers des pays comme la Belgique, l’Espagne, la France, les Pays-Bas et le Maroc. Quant aux oignons, la coopérative nous a permis de mieux organiser notre production et de vendre à des prix plus élevés. Nos revenus sont désormais plus stables », ajoute Amadou Thiam, vice-président de COOPROFEL.

Partenaire commercial de COOPROFEL, Mamadou Ndiaye, directeur commercial de TropicaSem, confirme ce succès :

« Nous travaillons avec COOPROFEL depuis 2023. L’an dernier, nous leur avons vendu plus de 78 tonnes de semences. La coopérative est l’un de nos meilleurs clients. »

Les coopératives permettent de faire progresser les produits le long de la chaîne de valeur pour transformer mangues et oignons en produits dérivés. Ces produits transformés se vendent à des prix supérieurs aux fruits frais, créant ainsi des emplois et augmentant les revenus.

Les mangues sont vendues fraîches, mais aussi sous forme de purée, confiture, smoothies, farine, vinaigre, etc. Les produits transformés à base d’oignon se retrouvent aussi bien dans les rayons des supermarchés du Sénégal que sur les marchés hebdomadaires.

Ces produits passent par plusieurs étapes : le producteur qui récolte, la coopérative qui regroupe et commercialise, l’usine qui transforme, et le distributeur qui vend ou exporte. En structurant les coopératives agricoles, PACAO-Sénégal renforce un maillon essentiel de cette chaîne et facilite l’accès des membres au marché.

Mais la chaîne de valeur ne concerne pas uniquement les produits, elle concerne aussi les personnes, comme Cheikh Mbacké Mboup, Marianne Diattara et Amadou Thiam. Elle concerne les producteurs accompagnés par PACAO-Sénégal, dont les revenus ont augmenté grâce à une meilleure organisation. Elle concerne aussi leurs partenaires commerciaux — clients et fournisseurs — qui ont développé leurs activités. Et bien sûr, elle concerne le consommateur, qui a désormais accès à des produits locaux de qualité.

En structurant les chaînes de valeur, PACAO-Sénégal crée un cercle vertueux en favorisant les coopératives agricoles.