(Cio mag) – Sur le continent, la population approche les 1,4 milliard d’habitants en 2023 et qui devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050. C’est pourquoi ce Digital African Tour à Dakar était consacré au thème : “Villes africaines durables : Mobilité urbaine, accélérateur de croissance ?”.
Pour Mohamadou Diallo, fondateur du DAT et de Cio Mag, l’Afrique est à un tournant décisif, avec une population en constante croissance et des défis économiques de grande envergure. « La mobilité urbaine est une pierre angulaire de ce changement », a-t-il insisté.
Entre panels, keynotes, pitchs de startups, la rencontre a été riche en échanges avec des acteurs venus de différents secteurs de l’écosystème. Pour Dr. Thierno Birahim AW, Directeur général du Conseil Exécutif des Transports Urbains Durables (Cetud), coorganisateur de l’événement, l’urbanisation croissante des villes africaines met la mobilité urbaine durable au cœur des questions urgentes. C’est pourquoi dit-il, « le Sénégal s’est engagé depuis plusieurs années dans la voie de la mobilité urbaine durable et Dakar incarne tout particulièrement les enjeux d’une ville en pleine expansion aux défis nombreux. La congestion du trafic routier et les besoins croissants des citoyens exigent des réponses audacieuses. La mobilité est transversale, mais si on l’aborde avec audace, on y arrive. Si on reste en retard sur les solutions intelligentes, on sera éternellement laissé en rade. Il faut traiter les problématiques d’une manière écosystèmique.»
Le déficit de financement estimé à près de 100 milliards de dollars
Pour Amadou Hott, envoyé spécial pour l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique à la Banque africaine de développement (Bad) qui intervenait en ligne, il est important de revoir l’offre de transport public en réduisant la pollution pour un avenir durable. Car dit-il, en Afrique, le déficit est de plus de 100 milliards de dollars. Il est donc important d’encourager l’investissement privé dans le transport. Il faut des cadres qui encouragent les PPP et les startups pour des projets bancables.
« Il faut également encourager nos Etats à faire plus dans l’investissement vert dans le transport durable », a-t-il insisté.
Anticiper sur les enjeux futurs de la mobilité
Dans cette dynamique de protection de l’environnement, les pays développés ont pris le pari des voitures électriques. Un enjeu de taille que les pays africains doivent prendre en compte. C’est l’avis d’Adnane Ben Halima, Vice-président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa. « D’ici 2030, les pays européens interdiront la construction de véhicules thermiques. Ce qui va créer une forte exportation des véhicules vers l’Afrique. Cette situation annihilerait tous les efforts consentis dans la protection de l’environnement », a-t-il indiqué.
Pour lui, il ne faut pas attendre le moment venu et se fermer des portes, mais plutôt prendre les dispositions pour être à jour des futures exigences du moment. « Nous devons commencer à réfléchir à la conception de ce type de voitures dont le niveau de pollution est très faible voire nul. L’Afrique va devenir le cimetière des voitures polluantes. Il faut qu’on s’y attelle dès maintenant. L’évolution est rapide. La Chine est à 40 millions de véhicules électriques en trois ans. Le numérique apporte des réponses à tous ces défis », a-t-il plaidé.
Un Think tank dédié à la mobilité durable voit le jour
Startups, décideurs, régulateurs, acteurs du transport… les voilà réunis. Ils sont désormais membre d’un Think Tank qui se veut une plateforme de réflexion, d’échanges sur les enjeux liés à la mobilité durable. « L’objectif est d’encourager l’innovation. Parce que nous avons constaté que les acteurs de l’écosystème numérique ne se parlent pas suffisamment. Ce Think Tank permettra de relever ce défi », a dit Mohamadou Diallo, son initiateur. Pour le Dr Thierno Birahim Aw, DG du CETUD, c’est une initiative venue à son heure. Selon lui, la notion de durabilité préoccupe tout le monde, c’est pourquoi il était important de disposer d’un cadre qui permette à tous les acteurs de se retrouver.
Le BRT sur les rails
Lors de la deuxième journée du Digital African Tour, les participants ont découvert la Maison de la Mobilité, espace d’échange, d’accueil et d’information pour le public et les parties prenantes ainsi que le BRT. Le projet de Bus Rapide Transit est sur les rails, avec 18km de voie réservée. Avec 23 stations le long du corridor, le BRT, dont la mise en service est prévue début 2024, vise à répondre à la problématique de transport et au besoin de décarbonation : les bus sont électriques et les stations solaires 100% autonomes et le système usagers est entièrement digitalisé. À Dakar, 80% des déplacements motorisés se font aujourd’hui par le transport public. Le BRT, tout comme les autres projets présentés lors de ce DAT, seront donc une vraie plus-value pour la population.