À l’occasion du Mois des Transports en Afrique du Sud, l’organisation professionnelle de la chaîne d’approvisionnement SAPICS met en lumière le lien crucial entre les infrastructures de transport et la résilience nationale de la chaîne logistique. Elle estime que la collaboration et l’éducation sont essentielles pour bâtir un écosystème logistique sûr et de classe mondiale.
« Les retards portuaires, les perturbations ferroviaires et les inefficacités infrastructurelles coûtent à l’économie environ 1 milliard de rands par jour en pertes commerciales », déplore SAPICS. « Nous enregistrons également un nombre disproportionné d’accidents de camions, qui alourdissent notre bilan routier. Les PME du secteur des transports jouent un rôle crucial dans l’économie en tant que sources majeures d’emploi et moteurs de croissance inclusive, mais elles sont insuffisamment soutenues. Leur développement est freiné par le manque de capitaux et l’accès limité à la formation. »
L’organisation souligne que la voie vers un système logistique stable, sûr et inclusif passe par une collaboration intersectorielle et un investissement massif dans le capital humain — depuis les conducteurs et opérateurs qualifiés jusqu’aux gestionnaires et professionnels de la chaîne logistique.
« Les infrastructures à elles seules ne suffiront pas à résoudre la crise », avertit SAPICS. « Nous avons besoin de personnes formées et responsabilisées à tous les niveaux, et d’un environnement où l’industrie, le gouvernement et le monde universitaire travaillent ensemble, et non en silos. »
Une crise logistique au cœur des débats
Lors de la 47e conférence annuelle de SAPICS, tenue récemment au Cap, plus de 700 professionnels de la chaîne d’approvisionnement venus d’Afrique et du monde entier se sont réunis pour aborder la crise logistique. SAPICS s’est associée à la South African Association of Freight Forwarders (SAAFF) pour présenter des mises à jour sur le Comité national de crise logistique (NLCC) et sur Operation Vulindlela, le programme conjoint de réforme de la Présidence et du Trésor national.
Le panel, modéré par la PDG de la SAAFF, Dr Juanita Maree, réunissait Jaap van der Merwe (conseiller ferroviaire et logistique d’Operation Vulindlela), Khule Duma (directeur au bureau de gestion de projets de la Présidence), Innocentia Motau (PDG de Shosholoza Ports Operations) et Theo Pappas (responsable des ventes régionales de Maersk).
Tous ont convenu que, bien que certains signes de stabilisation soient perceptibles, la reprise reste lente et fragmentée.
« Nous n’avons peut-être pas encore franchi le cap », reconnaît SAPICS, « mais ce type de dialogue est essentiel pour restaurer la confiance, aligner les efforts et impulser un véritable changement. »
La formation, une priorité absolue
SAPICS met en garde : sans investissement urgent dans le développement des compétences, les améliorations d’infrastructure resteront temporaires.
« Une chaîne d’approvisionnement n’est aussi solide que les personnes qui la gèrent », rappelle l’organisation.
Des équipes d’entrepôts aux planificateurs logistiques et gestionnaires de flotte, SAPICS insiste sur la nécessité de disposer de professionnels qualifiés capables de comprendre la complexité des chaînes modernes.
Dans ce cadre, l’organisation soutient l’enseignement de la logistique dans les universités sud-africaines, aligne la formation académique sur les besoins du marché et propose des certifications internationales reconnues, telles que le CLTD (Certified in Logistics, Transportation and Distribution) délivré par l’APICS.
Grâce à un réseau de partenaires agréés, SAPICS dispense des formations et ressources dans toute l’Afrique australe, avec un fort accent sur les secteurs du transport et de la logistique.
La sécurité par la formation
SAPICS souligne aussi le rôle central de l’éducation et de la formation dans la réduction du taux élevé de mortalité routière liée aux camions.
« Il ne s’agit pas seulement de conformité, mais de responsabilité partagée », explique Jonathan Mphake, directeur de SAPICS et expert en gestion de flotte.
Selon lui, des gestionnaires de flotte compétents peuvent améliorer la sécurité grâce à :
- l’usage de systèmes de gestion pour la planification en temps réel et la surveillance des conducteurs ;
- des contrôles rigoureux de maintenance et des vérifications avant départ ;
- des programmes de bien-être et de condition physique pour les chauffeurs ;
- et l’analyse de données pour identifier et corriger les comportements à risque.
La formation spécialisée des conducteurs devrait leur permettre de gérer les dangers de la route, la fatigue, la pression professionnelle ou les nids-de-poule, tout en intégrant des outils modernes comme la télématique vidéo.
« Il s’agit de bâtir une culture commune de responsabilité, pour protéger non seulement l’économie, mais aussi la vie des usagers de la route », conclut-il.
Autonomiser les petites entreprises
Les PME sont essentielles à l’économie, mais manquent souvent de compétences et d’outils pour fonctionner efficacement dans des chaînes d’approvisionnement complexes.
« Elles sont laissées pour compte », regrette SAPICS. « Surchargées, sous-financées, et souvent inconscientes du rôle stratégique que peut jouer la logistique dans leur survie. »
Pour y remédier, SAPICS propose un programme de développement dédié aux PME, comprenant :
- des formations certifiées en gestion logistique et opérationnelle ;
- des webinaires, études de cas et conseils d’experts ;
- une ligne de soutien pour les entrepreneurs ;
- et une plateforme de parrainage permettant aux grandes entreprises de financer la montée en compétences des PME et d’obtenir des points ESD (Enterprise and Supplier Development).
Un appel à l’action nationale
À l’occasion du Mois des Transports, SAPICS appelle l’ensemble des acteurs du secteur logistique à investir dans la formation, à collaborer au-delà de leurs frontières sectorielles et à soutenir les PME.
« Nous devons adopter une approche collaborative, fondée sur la formation et orientée vers l’action », conclut SAPICS.
« C’est la seule voie pour construire le système logistique résilient et inclusif dont l’Afrique du Sud a urgemment besoin. »
📸 Légende photo :
Jonathan Mphake, directeur de SAPICS et expert en gestion de flotte et de chaîne d’approvisionnement.
📩 Contact : info@sapics.org.za
🌐 À propos de SAPICS : www.sapics.org
Depuis 1966, SAPICS œuvre à former, professionnaliser et valoriser la communauté des experts en chaîne d’approvisionnement en Afrique du Sud et sur le continent. Par le biais de l’adhésion, d’événements, de conférences annuelles et de formations dispensées via des partenaires agréés, SAPICS agit comme une organisation à but non lucratif : tous les bénéfices sont réinvestis dans le développement du secteur et de ses professionnels.
La conférence annuelle SAPICS est le principal rendez-vous africain des experts de la chaîne logistique. Sa 48e édition se tiendra au Cap du 19 au 22 juillet 2025.