L’île Maurice met en œuvre une stratégie numérique pilotée par le gouvernement, telle que définie dans le budget 2025–2026 et dans le futur Plan directeur de la transformation numérique (2025–2029).
Mesurer le commerce des services liés aux TIC reste complexe en raison de la diversité des opérations, du développement technologique rapide et du nombre limité de sources de données. À ce jour, seuls 56 pays publient des données sur les services en fonction des pays partenaires, alors que ces informations sont essentielles pour élaborer des politiques efficaces.
Lorsqu’on pense à Maurice, ce sont souvent ses plages idylliques et son tourisme qui viennent à l’esprit. Pourtant, le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) du pays émerge également comme un moteur économique important. En 2024, il a contribué à hauteur de 33,9 milliards de roupies mauriciennes (soit 735,6 millions de dollars) à l’économie nationale, représentant 5,6 % de la valeur ajoutée brute totale.
L’île Maurice poursuit une stratégie numérique pilotée par l’État, définie dans le budget 2025–2026 et dans le Plan directeur de la transformation numérique (2025–2029) à venir. Ces initiatives mettent l’accent sur l’intelligence artificielle, les données ouvertes, les services publics numériques et un écosystème dynamique de start-up.
Le commerce des TIC : un secteur en plein essor
Sur le plan commercial, les services liés aux TIC sont devenus, en 2023, le cinquième poste d’exportation de services du pays, représentant 5,2 % des exportations totales de services. Ce chiffre dépasse les niveaux d’avant la pandémie de COVID-19 et témoigne d’un fort potentiel de croissance. Cependant, pour exploiter pleinement ce potentiel, des données commerciales plus détaillées et fiables sont nécessaires.
Des statistiques commerciales de qualité – incluant les données bilatérales et les modes de fourniture – sont cruciales pour formuler des politiques publiques efficaces, attirer les investissements et garantir une croissance durable. Or, obtenir des données précises sur le commerce des TIC est difficile, en raison de l’évolution rapide des technologies et de la complexité du suivi des transactions.
Conscients de ces enjeux, les experts ont intégré de nouvelles recommandations dans le prochain Manuel de la balance des paiements (BPM7), notamment sur la numérisation et des domaines comme l’informatique en nuage, les plateformes numériques et les transactions liées aux cryptomonnaies.
Un partenariat stratégique pour améliorer les données
Pour améliorer la qualité des données commerciales, le Centre du commerce international (ITC) collabore avec plusieurs institutions mauriciennes clés : la Banque de Maurice, Statistics Mauritius, le ministère des Technologies de l’information, de la Communication et de l’Innovation, ainsi que le Conseil du développement économique (EDB).
Un atelier technique, organisé du 14 au 16 juillet 2025, a porté sur l’intégration des données, les enquêtes commerciales, les modes de fourniture et la diffusion améliorée des statistiques.
Actuellement, la Banque de Maurice utilise les données déclarées par les banques à travers le Système de déclaration des transactions internationales (ITRS) et envisage de publier des données commerciales bilatérales, une pratique encore rare en Afrique.
« L’ITRS fournit des données fréquentes, mais nous rencontrons des problèmes de précision dans l’identification des pays partenaires », a expliqué Satishingh Jugoo, chef du département des statistiques. Il a précisé que les flux financiers ne correspondent souvent pas au pays de résidence des prestataires ou des clients, en particulier dans le cas des services TIC. C’est pourquoi de nombreux pays utilisent aussi des enquêtes, nécessitant une collaboration entre les banques centrales, les instituts nationaux de statistiques et les régulateurs.
« L’échange ouvert d’expériences a mis en évidence notre force collective face aux défis communs », a déclaré Rajivsing Jeetoo, responsable de programme au ministère.
L’ITC et la Banque de Maurice vont désormais travailler ensemble pour améliorer les données issues de l’ITRS et faciliter la transition vers les normes BPM7.
« Nous apprécions cette collaboration et espérons qu’elle se poursuivra au-delà de la phase actuelle du projet Observatoire africain du commerce », a conclu Dooneshsingh Audit de la Banque de Maurice.
À propos de l’Observatoire africain du commerce
Lancé par l’Union africaine, mis en œuvre par le Centre du commerce international (ITC) et financé par l’Union européenne, l’Observatoire africain du commerce vise à renforcer les capacités de suivi du commerce en Afrique.