Berceau de l’aviation depuis les temps de l’aéropostale, notre pays a toujours été une grande nation aéronautique. Doté d’une expertise reconnue dans tous les domaines du secteur aérien il fait partie des pays les plus représentatifs sur le plan mondial.
Représentations & organismes de l’Aviation Civile basés à Dakar
L’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a installé au Sénégal un bureau Afrique occidentale et Centrale (WACAF) depuis 1963. Ce bureau a pour rôle de coordonner et de soutenir la mise en œuvre des normes et recommandations en matière d’aviation civile.
Le Western & Central African Office (WACAF) est accrédité à partir de Dakar, auprès de 24 Etats contractants (OACI) de la région Afrique et Océan Indien (AFI). Il a entre autres missions, la promotion des politiques de l’OACI, des normes et pratiques recommandées, ainsi que la mise en œuvre des plans de navigation aérienne approuvés par l’organisation sur la base des recommandations émanant des réunions régionales et du groupe régional de planification et de mise en œuvre.
A l’instar de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale toutes les grandes organisations du secteur disposent d’une représentation à Dakar.
On peut citer parmi celles-ci, l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA), l’Union des Gestionnaires d’Aéroport de l’Afrique du Centre et de l’Ouest (UGAACO) et très prochainement le Conseil International des Aéroports (ACI ).
Hub Aérien : Une Ambition Stratégique
Au classement des aéroports les plus fréquentés de la sous-région, l’aéroport International Blaise Diagne (AIBD) arrive en troisième position derrière ceux de Murtala Mohammed du Nigeria et Kotoka du Ghana.
Dans ce cadre, les autorités sénégalaises ont compris les enjeux en validant le planstratégique de développement du hub aérien 2021-2025 lors du conseil présidentiel qui s’est tenu le 21 avril 2021.
Le projet Sénégal premier Hub aérien en Afrique de l’Ouest repose sur quatre piliers essentiels à savoir : la génération de trafic, l’amélioration de l’expérience voyageur, l’accès et la connectivité et enfin la diversification et le rayonnement.
Subséquemment, à la suite de la validation du projet par le gouvernement, l’ambitieux programme stratégique de reconstruction des aéroports du Sénégal (PRAS), constitué de deux phases, a été lancé avec comme objectif de moderniser les infrastructures aéroportuaires du pays et de les mettre aux normes nationales et internationales.

La première phase du PRAS concerne les aéroports de Saint-Louis, Ourossogui-Matam, Ziguinchor et Tambacounda. Ils ont été démolis et reconstruits pour la plupart dans leur intégralité conformément aux normes et exigences de l’industrie.

La deuxième phase du PRAS concerne les aéroports de Kolda, Podor, Linguère, Bakel, Cap-Skirring, Simenti, Kédougou, Sédhiou et Kaolack.
En somme l’Etat du Sénégal envisage de mailler l’intégralité du territoire avec 13 aéroports régionaux dont 03 à statut international.
Il est important aussi de rappeler que des travaux de grandes envergures ont été menés à l’aéroport international de Cap-skirring qui ont fortement contribué à sa certification. Cette réalisation fait du Sénégal le premier pays de la zone UEMOA à disposer de 02 aéroports certifiés.

A la suite de la mise en exploitation de l’aéroport Ousmane Masseck Ndiaye de Saint Louis, dont la piste a été homologuée par l’autorité de l’aviation civile, les aéroports de Ziguinchor et Matam seront à leur tour livrés et mis en service incessamment.
Le Sénégal un Point de Connexion (hub)naturel
Le Sénégal bénéficie de plusieurs atouts géostratégiques qui le rendent idéal pour devenir un carrefour aérien en Afrique de l’Ouest.
En effet, par sa position géographique, le Sénégal est une jonction entre l’Amérique, l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient.
Situé à l’extrémité occidentale du continent, le Sénégal demeure une plateforme de correspondance efficace pour les vols long-courriers qui relient la plupart des continents. Ce qui confère à l’aéroport International Blaise Diagne (AIBD) un rôle de point de transit de choix pour les compagnies aériennes et les passagers.
En outre, le pays jouit d’une stabilité politique et économique reconnue qui en fait une destination privilégiée.
Modernisation des Infrastructures
« Les transports publics constituent le poumon du développement et le fil conducteur de l’intégration » a déclaré M. Malick Ndiaye, Ministre des infrastructures et des transports terrestres et aériens, lors des assises du secteur des transport qui se sont tenues au mois d’octobre 2024 au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD).
L’idée de faire du Sénégal un hub aérien a pris forme avec la mise en exploitation de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) en 2017.
En réalité, le président Abdoulaye Wade avait estimé nécessaire de concevoir une plateforme aéroportuaire de choix, délocalisée de la capitale pour accueillir plus de compagnies aériennes d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique.
Cette ambition s’est accrue avec la volonté des gouvernements successifs de réaliser des projets structurants visant à améliorer l’expérience voyageur et à attirer davantage de compagnies aériennes au Sénégal.
Dans cette logique, la plateforme technique est en train d’être rehaussée avec la construction d’un centre de maintenance aéronautique (Maintenance Repair Overhaul – MRO) avec un hangar dimensionné à recevoir l’avion le plus contraignantde notre époque l’Airbus A380. Ce centre sera capable d’effectuer des activités de maintenance de haut niveau (check C).
Par ailleurs, l’extension de l’aérogare passagers, la construction d’une nouvelle aérogare fret, sans oublier le développement d’une Aéroville constituent d’autres projets liés au hub aérien à l’approche de l’objectif d’atteindre 3.000.000 de passagers.
L’ambition est de pouvoir attirer tout le trafic aérien de l’Afrique de l’Ouest vers le Sénégal à l’horizon 2035.
Accords Internationaux et Partenariats
D’importants accords bilatéraux signés avec d’autres pays africains contribuent à faciliter les échanges aéronautiques tel le marché unique africain du transport aérien (SAATM) qui a été lancé lors du 30e Sommet de l’Union africaine en janvier 2018, avec comme finalité le renforcement des politiques aéronautiques sur le continent.
Une compagnie nationale forte pour assurer la connectivité régionale :
En tant que compagnie nationale du Sénégal, Air Sénégal vise à améliorer la connectivité entre le Sénégal et d’autres destinations en Afrique et à l’international. Son rôle en tant que catalyseur du hub permet de faciliter les correspondances pour les passagers voyageant entre différentes régions africaines.
Le développement d’Air Sénégal soutient directement dynamisme de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD)en tant que plaque tournante régionale. Avec des destinations diversifiées Air Sénégal contribue à positionner le Sénégal comme un point de correspondance important pour les passagers en transit.
Par ailleurs, la signature par Air Sénégal de partenariats stratégiques, telles que les alliances avec d’autres compagnies, pourrait contribuer à renforcer la connectivité mondiale du Sénégal.
Promotion du Tourisme et des Affaires
La création d’un hub aérien s’accompagne d’une volonté de promouvoir le tourisme et d’attirer les investisseurs. C’est dans cette optique que l’aéroport militaire Leopold Sédar Senghor est en perspective de rénovation pour les vols domestiques et le tourisme d’affaires.
Aussi, en vue de renforcer l’attractivité de la destination Sénégal, des projets structurants sont en phase de développement autour de la plateforme de l’AIBD, de la petite côte, et de la Casamance en partenariat avec l’APIX et la SAPCO. Il s’agit entre autres :
- Du projet Aéroville à DIASS
- Du projet de la Zone Economique Spéciale Intégrée de Diass (ZESID) ;
- De l’aménagement d’infrastructures hôtelières sur la petite côte (zone de Mbour, Saly…) ;
- Du développement de pôle territoire et d’Aérovilles régionaux notamment à Ziguinchor, Cap Skirring et Saint Louis.
Enfin, l’aboutissement du projet de hub aérien nécessite la connectivité de l’aéroport avec les centres urbains à travers le développement de moyens de transport multimodaux. C’est dans cette optique que la ligne du Train Express Régional (TER) a été prolongée de Diamniadio à l’AIBD, avec une passerelle de connexion entre le terminal de l’aéroport et la gare du TER. Ce projet dans ses phases ultérieures reliera l’AIBD aux villes de Thiès et de Mbour. En plus, les autoroutes ILA TOUBA et Mbour-Fatick-Kaolack passent toutes par l’aéroport AIBD.
Ressources humaines renforcement du personnel
En parallèle à ces efforts, le projet Sénégal hub aérien nécessitant des ressources humaines de qualité pour soutenir l’expansion des infrastructures et des services affiliés au secteur, une institution dédiée à la formation professionnelle aux métiers de l’aviation civile a été créée.
En effet, l’académie internationale des métiers de l’aviation civile (AIMAC), un des projets phare du hub aérien, a pour but de renforcer la capacité du Sénégal à répondre aux défis de l’évolution de l’industrie par la formation de personnel qualifié aux besoins spécifiques du secteur.
L’académie qui a officiellement ouvert son campus le 18 octobre 2024 sous la présidence du ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens en présence de monsieur Cheikh Mamadou Abiboulaye Dieye Directeur général de AIBD SA et d’autres personnalités.
In fine, l’ambition de faire du Sénégal le premier hub aérien en Afrique de l’Ouest, représente une opportunité significative pour le pays et la sous-région. Grâce à une combinaison d’infrastructures modernisées, d’une compagnie aérienne forte avec des partenariats stratégiques, sans oublier des professionnels du secteur bien formés, le Sénégal pourrait rapidement émerger en tant que plaque tournante aérienne majeure, facilitant les mouvements de personnes et de marchandises tout en stimulant son économie.

M. CHERIF CISSE Chef Pôle Sécurité Sûreté Facilitation AIBD SA