L’Afrique doit saisir la grande bascule du commerce international comme une « opportunité historique », ont appelé de hauts dirigeants devant des représentants du secteur privé africain

Les dirigeants africains estiment que le moment est crucial pour le continent de renforcer le commerce intra-africain et de réduire sa dépendance aux marchés extérieurs

Le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, et le président du Groupe de la Banque africaine de développement (www.AfDB.org), Sidi Ould Tah, ont appelé les représentants du secteur privé africain à occuper une place centrale dans la transformation économique du continent, soulignant que les perturbations actuelles du commerce international constituaient une opportunité plutôt qu’une menace.

Les deux hauts dirigeants s’exprimaient, lundi, à l’ouverture de la 13e édition de la CGECI Academy organisée par la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire. Le forum annuel phare du patronat ivoirien était organisé sur le thème suivant :

Cet événement de deux jours a réuni des hauts fonctionnaires, des chefs d’entreprise et des représentants d’organisations patronales régionales.

M. Robert Beugré Mambé a souligné l’urgence de passer de l’analyse à l’action. « Le temps n’est plus au diagnostic, le temps est à l’action ! », a-t-il insisté. Avant d’ajouter : « Nous devons prendre conscience de nos forces, de nos faiblesses, de notre potentiel inexploité, et surtout établir une synthèse qui consolide nos acquis pour ouvrir de nouvelles perspectives fondées sur des partenariats intelligents et dynamiques. »

Le Premier ministre de la Côte d’Ivoire a souligné que la souveraineté économique exigeait des efforts coordonnés de la part des gouvernements, des investisseurs privés, des jeunes entrepreneurs et des consommateurs africains.

 » Nous devons prendre conscience de nos forces, de nos faiblesses, de notre potentiel inexploité, et surtout établir une synthèse qui consolide nos acquis « 

M. Ould Tah a fait écho à cette analyse, appelant l’Afrique à transformer les tensions commerciales internationales en une « opportunité historique » pour renforcer les chaînes de valeur régionales et transformer davantage localement ses matières premières abondantes.

« Pour l’Afrique, il ne s’agit pas d’une menace. C’est une occasion historique de bâtir une économie locale plus forte, plus intégrée et plus résiliente », a déclaré le président du Groupe de la Banque.

Sidi Ould Tah, qui a pris ses fonctions à la tête de l’institution le 1er septembre dernier, a présenté sa stratégie bâtie autour de quatre points cardinaux pour le développement de l’Afrique : mobiliser des capitaux à grande échelle ; réformer l’architecture financière du continent ; accélérer la création d’emplois de qualité, et construire des infrastructures résilientes au changement climatique à l’appui d’une industrialisation verte.

Il a souligné que la transformation économique structurelle ne pouvait être réalisée par les gouvernements seuls. « Elle viendra également du secteur privé africain, qui doit être au cœur de la stratégie », a estimé le président du Groupe de la Banque, appelant les entrepreneurs à innover et à devenir des acteurs majeurs sur les marchés mondiaux.

Ce forum économique se déroule au moment où les cadres commerciaux multilatéraux subissent une pression croissante due aux politiques protectionnistes et aux tensions géopolitiques. Les dirigeants africains estiment que le moment est crucial pour le continent de renforcer le commerce intra-africain et de réduire sa dépendance aux marchés extérieurs.

Le président de la CGECI, Ahmed Cissé, a assuré le soutien du secteur privé aux efforts continentaux visant à restaurer la souveraineté économique et financière par des partenariats institutionnels, y compris en « travaillant en étroite collaboration » avec la Banque africaine de développement.

La Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), qui représente près de 80% des entreprises du secteur privé ivoirien, est un partenariat de longue date du Groupe de la Banque africaine de développement pour stimuler l’entrepreneuriat des jeunes. Leur initiative conjointe, « La finance s’engage » (https://apo-opa.co/4gOhTOt), a mobilisé des ressources pour des centaines de start-up ivoiriennes depuis 2016, notamment le Projet d’incubateur des jeunes (https://apo-opa.co/4nBJAN4) doté de 1,1 million d’euros qui a soutenu 200 jeunes entrepreneurs, dont près d’un tiers de femmes.