Faire de la sécurité routière une priorité au Botswana

Pour améliorer la sécurité routière et réduire le risque de traumatismes et de décès dus aux accidents de la circulation, le Botswana a mis en œuvre une série de mesures, allant de programmes d’éducation du public à grande échelle à l’application de codes de la route plus stricts, qui ont commencé à porter leurs fruits.

L’un des résultats les plus notables est la réduction du taux légal d’alcoolémie pour les conducteurs. En effet, ce taux est passé de 0,08 % à 0,05 %, ce qui a entraîné une baisse considérable du nombre d’accidents de la route imputables à la consommation d’alcool. Cette évolution s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale multisectorielle pour promouvoir la sécurité routière. La mise en œuvre de cette stratégie a été supervisée par un comité national statutaire sur la sécurité routière (NRSC), au sein duquel l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) siège en tant qu’agence fournissant des conseils au niveau national.

Dans le cadre des campagnes d’éducation du public, des comités de sécurité routière ont été mis en place dans les écoles et dans de nombreux districts du pays. Ces comités contribuent à sensibiliser davantage le public à l’importance de la sécurité routière.

Thabo Malie, originaire de Gaborone, la capitale du Botswana, est féru de course à pied sur route. Au fil des ans, il a constaté une amélioration de la sécurité routière de la ville. « J’ai plusieurs itinéraires de prédilection », explique-t-il. « Mais je pense que mon préféré à ce jour reste l’autoroute de contournement ouest. Il me plaît parce que, bien qu’il y ait beaucoup de circulation, il est sûr pour les coureurs. Grâce à cela, je crois que nous avons assisté à un essor de la course sur route. »

Les accidents de la route entraînent des pertes économiques considérables pour les personnes et leurs familles et constituent un problème majeur de santé publique. « Il existe des données probantes qui montrent qu’environ 1,3 million de personnes dans le monde meurent chaque année des suites d’accidents de la circulation », déclare le Dr Samuel Kolane, Directeur de la santé publique au Ministère de la santé du Botswana. « Ces accidents font peser une charge énorme sur le système de santé, qui est la plupart du temps débordé, en particulier dans les pays en développement. Certaines familles basculent dans la pauvreté en raison de l’importance des dépenses médicales », ajoute-t-il.

Ainsi, les autorités responsables de la circulation routière ont mis l’accent sur la nécessité de rendre les routes plus sûres pour les piétons, et en particulier pour les enfants, qui représentent près d’un quart des victimes d’accidents de la circulation. Nene Nkwe est enseignante dans une école primaire de Gaborone et coordonnatrice du club de sécurité routière de l’école. Elle explique que l’éducation à la sécurité routière commence vers l’âge de six ans et se poursuit jusqu’à la fin de l’école primaire. « Dans le club, nous enseignons aux enfants à assurer leur sécurité sur la route, à devenir des usagers prudents et à se protéger mutuellement pour éviter les accidents », précise-t-elle.

Depuis 2011, le nombre total d’accidents de la route au Botswana a progressivement baissé, tout comme le nombre d’accidents mortels et de décès qui y sont liés. Le nombre total d’accidents de la circulation est passé d’environ 18 000 en 2011 à environ 15 300 en 2023.

Ces chiffres indiquent que le pays est sur la bonne voie, déclare Pilane Sebigi, Sous-Commissaire de police au Botswana. « Lorsque nous examinons nos statistiques, nous observons que la quantité d’accidents a maintenant diminué », souligne-t-il. « À l’heure actuelle, si l’on compare le nombre d’accidents mortels à celui de l’année dernière à la même époque, on constate qu’il est en baisse. Cela est dû en grande partie au déploiement accru de la police de la circulation sur les routes. »

En 2021, l’OMS a dispensé une formation sur la gestion de la sécurité routière au NRSC et au Département des services de transport routier du Botswana. En outre, l’OMS collabore avec les jeunes par l’intermédiaire de la Société des ambassadeurs de la sécurité routière, qui est très active dans le lobbying et le plaidoyer en faveur de la sécurité routière dans le pays.

« Les jeunes sont les plus touchés, il est donc important pour nous d’avoir droit au chapitre et de trouver des solutions », déclare Galeboe Motlhajoe, vice-président et cofondateur de la Société des ambassadeurs de la sécurité routière. « Nous voulons que chacun joue son rôle pour assurer la sécurité routière et comprenne la vision de la communauté mondiale, car les accidents de la route font de nombreuses victimes. »

L’OMS a facilité l’accès du Fonds du Botswana pour les accidents de la route (MVA) aux chercheurs de l’Université Johns Hopkins afin qu’ils puissent mener une étude de référence devant soutenir l’élaboration du Plan national multisectoriel pour la sécurité routière à l’horizon 2030.

« L’OMS, en tant que gardienne de la sécurité routière au niveau mondial, joue un rôle primordial dans nos activités », a précisé Mompati Bontsibokae, responsable principal de la prévention des traumatismes au Fonds MVA.

Selon Sebigi, la sécurité routière est une question multisectorielle qui concerne l’ensemble de la société. « Lorsque nous nous intéressons aux usagers de la route, nous pensons, bien entendu, aux chauffeurs. Nous pensons également aux passagers, puis aux piétons. Toutes ces personnes doivent être sensibilisées à la sécurité routière. La sécurité routière commence avec nous tous. Si nous pouvions adopter cette attitude, nous n’aurions jamais de problèmes sur nos routes », affirme-t-il.