Comment l’Afrique du Sud peut bâtir un système de transport réellement connecté et inclusif ?

Par Chris Campbell, directeur général de Consulting Engineers South Africa (CESA)

Pour relever les défis complexes du transport en Afrique du Sud, il est impératif d’adopter une approche holistique et durable qui intègre la planification stratégique, l’expertise technique et une gouvernance cohérente à tous les échelons gouvernementaux.


Les Limites de l’Intégration et l’Exemple International

Les systèmes de transport public formels, tels que Rea Vaya et MyCiTi, ont réalisé des avancées notables en s’inspirant de modèles réussis à l’étranger (comme à Curitiba, Brésil, ou la Ligne 2 du métro de Lima, Pérou). Cependant, ils font face à des obstacles persistants : des coûts d’exploitation élevés, une forte dépendance aux subventions publiques et un manque d’intégration avec les modes de transport informels, notamment les minibus-taxis et les services de covoiturage.

Les expériences internationales réussies soulignent l’importance cruciale de :

  • La planification intégrée des itinéraires.
  • L’établissement de systèmes tarifaires unifiés.
  • Un aménagement urbain qui favorise le transport public.

L’Afrique du Sud doit s’inspirer de ces leçons pour optimiser ses propres réseaux.


Nécessité de Coopération et de Stabilité

L’établissement d’un système de transport véritablement intégré requiert une coordination sans faille entre les niveaux de gouvernement national, provincial et local, une fluidité qui fait actuellement défaut. Les autorités doivent impérativement renforcer l’application du code de la route et la réglementation du secteur informel pour concrétiser cette intégration.

Nous insistons sur l’importance d’une approche collaborative ; le travail en vase clos (« en silos ») est un frein majeur à l’innovation, à l’efficacité et au progrès à long terme.

Les nations qui ont réussi à mettre en place des réseaux intégrés mettent en lumière l’importance de :

  • Mener des études de préfaisabilité rigoureuses.
  • Planifier en fonction de la demande réelle et du flux d’usagers.
  • Gérer efficacement la concurrence entre les différents modes.
  • Déployer une billetterie unique pour la commodité et l’accessibilité des usagers.

Atteindre ces objectifs nécessite une continuité politique et institutionnelle pour garantir la mise en œuvre effective des plans stratégiques. Des organismes professionnels, comme CESA (Consulting Engineers South Africa), jouent un rôle vital en plaidant pour une politique d’infrastructure stable à long terme, bénéfique à la fois aux citoyens et à l’économie.


Surmonter le Court-Termisme Politique

Une grande partie des problèmes du secteur des transports sud-africain résulte d’un court-termisme politique et du turnover fréquent des dirigeants. Les politiques bien intentionnées restent souvent sans effet, manquant de ressources, de responsabilité et de mise en œuvre concrète. Les projets d’envergure exigent un soutien constant pour éviter d’être interrompus à chaque changement de leadership.

L’établissement d’une culture de la performance, d’amélioration continue et d’une gouvernance stable est fondamental. Seule une vision à long terme et un engagement soutenu du gouvernement et des acteurs du secteur permettront de construire des systèmes qui connectent réellement les citoyens et les territoires.

Les décisions prises aujourd’hui auront un impact déterminant sur la mobilité, le mode de vie et la croissance du pays pour les décennies à venir. Une pensée audacieuse, des partenariats solides et un engagement à mener les projets à terme sont donc essentiels pour bâtir un avenir des transports plus sûr, intégré et inclusif.