Les liens entre pétrole et relations internationales forment la question de géographie historique par excellence. En effet, progressivement, les mouvements internationaux d’offre et de demande en pétrole brut sont devenus nettement plus importants que le total des quantités produites et consommées sur les marchés intérieurs. Clairement se sont affirmés des pays offreurs et des pays demandeurs, et l’évolution de cette dépendance réciproque est un premier niveau d’histoire.
Le pétrole est la base de l’économie mondiale. … Dans les années 1930, l’enjeu pétrolier concernait surtout les grandes puissances et quelques-unes de leurs sociétés privées ou nationales qui avaient pu juger de son importance durant la première guerre mondiale.
Les pays industrialisés tout comme les pays en développement ont recours à cette énergie hautement stratégique. Mais le pétrole est plus qu’une matière première incontournable car avec le pétrole on achète et on vend de la sécurité économique et militaire, de la croissance industrielle, des moyens de se déplacer, on achète et on vend des possibilités de développement. C’est donc une richesse symbolique hautement convoitée. Les pays qui en possèdent dans leur sous-sol sont donc très avantagés et bénéficient d’un avantage concurrentiel.
Le pétrole a déjà été la source de plusieurs conflits. L’invasion du Koweït par l’IRAQ en 1990 est un exemple. Il sera intéressant de suivre l’évolution de cette source d’énergie au cours des prochaines années. L’effet de rareté et la croissance de la demande font que cette matière devient la plus stratégique au monde.
Le problème de sécurité posé par le commerce pétrolier international est reconnu depuis longtemps. Le pétrole est un lien technique entre une économie nationale donnée et un ou plusieurs fournisseurs extérieurs : il soulève donc un enjeu de souveraineté, révélé de manière soudaine et forte depuis fort longtemps.
Au sein de ces relations énergétiques internationales, le pétrole occupe une place centrale : il couvre environ 40 % de l’offre mondiale d’énergie primaire et constitue toujours l’énergie « de bouclage » des bilans énergétiques nationaux. Selon toute vraisemblance, l’ère du pétrole n’est pas prête de se refermer et il devrait encore représenter 35 % de l’offre énergétique mondiale à l’horizon 2030.
La « mécanique énergétique » mondiale n’a pas changé. Comme par le passé, l’offre d’énergie demeure, à la marge (c’est-à-dire lorsque toutes les autres énergies utilisables ont été employées à concurrence des parcs d’équipement existants), l’offre de pétrole. Si celle-ci vient à manquer, un « choc » est le seul moyen de rétablir l’équilibre offre-demande par un réajustement à la baisse de la demande. Plus la part du pétrole dans les usages substituables, c’est-à-dire les usages d’appoint, est faible (le cas depuis le milieu des années 1980 avec la disparition du fioul lourd sous chaudières industrielles), et plus le choc doit être violent car les autres usages du pétrole sont non seulement captifs mais également peu élastiques aux prix
Depuis la révolution industrielle, et plus particulièrement depuis la fin de la première guerre mondiale, l’énergie est une réalité internationale : l’approvisionnement énergétique des sociétés donne lieu à des flux marchands qui représentent environ un cinquième du commerce mondial de marchandises.
Ces données quantitatives et qualitatives autorisent à qualifier le pétrole de matière première stratégique. Mais toutes les matières premières stratégiques ne sont pas des enjeux de sécurité internationale : la plupart donnent lieu à des échanges marchands de plus ou moins forte intensité sans grandes implications politiques directes. Il en va différemment des relations pétrolières internationales, qui apparaissent investies d’une forte dimension politique, au point qu’on voit souvent la scène énergétique mondiale comme un théâtre géopolitique plus qu’un espace de transactions économiques. Cette politisation a culminé au cours des années passées dans ce qu’il est convenu d’appeler la crise énergétique, dont l’épisode le plus dramatique fut sans doute la révolution pétrolière orchestrée par les états membres de l’OPEP.
Partant de tous ces éléments, la gestion de cette matière hautement stratégique devient un impératif pour tous les Etats. Pour montrer son importance, L’AIE recommande la constitution d’un stock de sécurité d’au moins 90 jours pour tous les Etats car la non satisfaction des besoins en énergies provoquerait même un ralentissement de la croissance économique mondiale.
CONCEPTS DE BASE
Logistique pétrolière
La logistique pétrolière peut être définie comme l’ensemble des moyens mis en œuvre pour approvisionner le consommateur final en produits pétroliers de toutes les natures et de la qualité requise à partir des lieux de production ( raffinerie) et d’importation et ce dans les meilleures conditions requises de sécurité et à moindre coûts.
La géopolitique des hydrocarbures (pétrole)
La géopolitique du pétrole décrit l’impact de la demande et de l’offre en pétrole sur la politique des pays consommateurs et producteurs de cette matière première essentielle au mode de vie économique actuel.
Aujourd’hui on parle géopolitique de pétrole car les gisements de pétrole étant limités et leur emplacement géographique ne coïncidant généralement pas avec celui des pays consommateurs, l’exploitation des ressources pétrolifères est source de tension. Les pays consommateurs, généralement de grandes puissances militaires, sont alors tentés d’employer des moyens de pression puissants (militaires ou économiques) pour avoir accès à ces ressources. Le pétrole, matière hautement stratégique, est fréquemment associé aux affrontements internationaux depuis le début du xxe siècle.
Quelques éléments sont illustratifs des enjeux géopolitiques
- En Afrique du nord, les conséquences du conflit en Libye sont également pétrolières. Ainsi, un certain nombre de tribus profitent actuellement de la recomposition en cours pour tenter de contrôler des gisements pétroliers.
- En Afrique, le soudan est révélateur des stratégies pétrolières de la chine et des Etats-Unis dans les conflits en zones pétrolières. Pékin de son côté soutient le régime de Khartoum en contrepartie du monopole du forage et de l’exploitation du pétrole dans le sud du Darfour.
- Les États-Unis ont largement contribué à l’indépendance du sud soudan l’an dernier ; cette région du pays détenant 70 % du pétrole soudanais. La stratégie de Washington est désormais de construire un oléoduc à travers l’Ouganda et le Kenya pour évacuer le brut par le port de Mombassa.
- Quant à la politique de la Russie, deuxième exportateur mondial derrière l’Arabie saoudite, elle est caractérisée par l’utilisation de l’arme du gaz et de l’arme du pétrole pour imposer une domination sur les pays de sa périphérie. En termes perspectifs, un nouveau profil géopolitique du pétrole est au demeurant en train de se dessiner.
- Au moyen orient, l’incertitude stratégique que fait peser l’iran sur la région du fait de sa politique de prolifération nucléaire est aujourd’hui analysée comme susceptible de dérégler à la hausse les prix du pétrole en cas de frappe israélienne.
Il existera toujours une « géopolitique » de l’énergie : les flux énergétiques continuent de relier les espaces économiques nationaux, rapprochant une offre et une demande dissociées géographiquement. Mais ceci ne suffit pas à ériger la question énergétique en problème de sécurité. L’interdépendance énergétique entre les nations doit être appréciée non seulement quant à son intensité, mais également en fonction de ses modalités. Celles-ci sont contingentes, entre autres :
- au contexte général du système international dans lequel s’inscrivent les relations énergétiques ;
- aux dynamiques relatives de l’offre et de la demande mondiales et au degré de concurrence sur les marchés ; – enfin, au mode d’organisation des marchés
- ce que les économistes appellent les institutions qui détermine largement les modalités concrètes de l’interdépendance énergétique.
Le pétrole est aujourd’hui utilisé comme matière première pour en extraire de nombreux carburants : essence, gasoil, fuel, kérosène, GPL, … Ces carburants servent d’une manière générale pour produire de l’énergie ou pour les transports. Une compétition toujours plus forte, qui ne fait que commencer du fait des besoins croissants des pays développés mais aussi des pays émergents comme la Chine et l’Inde, sur un marché déjà à flux tendus, a accéléré l’exploration et la mise en production de nouveaux gisements un peu partout dans le monde et notamment dans les pays en développement ou à revenu intermédiaire.
Toutes les tensions géopolitiques réelles ou potentielles même si certaines sont nettement exagérées et exploitées par certains opérateurs dans une volonté délibérément spéculative, constituent néanmoins des menaces qui pèsent sur les marchés pétroliers mondiaux au moment même où le système traverse une crise structurelle. Dans ce contexte, le recours à l’analyse géopolitique permet de mieux comprendre l’importance des enjeux autour de la question pétrolière.
CONSTATS DONNESES CHIFFREES
L’Afrique représente la 4ème réserve mondiale de pétrole avec 117 milliards de barils, soit 8,7% sur un total de 1343 milliards de barils.
La production de pétrole particulièrement en Afrique Centrale ne cesse d’augmenter avec la découverte permanente de nouveaux gisements et une demande qui explose du fait de l’accroissement démographique sur le continent. A cela s’ajoute une importante demande en transport, donc en hydrocarbure, fortement accentuée par la croissance économique dans plusieurs pays.
Tous ces facteurs justifient la nécessité de disposer d’acteurs avisés capables de relever les défis de compétitivité et de rentabilité que vit l’industrie pétrolière.
Pourtant, en dépit de ces perspectives optimistes, combinées aux découvertes récentes dans le domaine du pétrole et du gaz en Afrique, seuls les pays du continent qui répondront durablement aux problèmes posés par la logistique pourront effectivement ressentir une influence positive sur leurs économies. Des enjeux de taille .Les pays africains doivent se mettre dès à présent à la recherche de fournisseurs, prestataires de service et autres entreprises africaines locales qui possèdent les moyens nécessaires pour répondre à cette croissance. poursuit le rapport. Pour relever les défis, les découvertes énergétiques pourraient offrir réellement de nombreuses possibilités aux entreprises locales. Ainsi la nécessité de rebondir très vite s’explique par le fait que les nouveaux sites d’exploration/exploitation se trouvent dans des zones reculées.
LES STRATEGIES DE LA CHAINE LOGISTIQUE PETROLIERE
Il est donc nécessaire de mettre en place une logistique terrestre et fluviale adaptée à toutes les configurations. La chaine d’approvisionnement du pétrole et du gaz est divisée en plusieurs secteurs. L’exploration, l’extraction et la production; les pipelines, le transport ferroviaire et l’entreposage; le raffinage, la commercialisation De la raffinerie au consommateur, les hydrocarbures sont distribués grâce à divers modes de transport. En attendant leur livraison, ils sont stockés dans des dépôts soumis à des règles de gestion précises. Ces règles doivent garantir des conditions de sécurité strictes et doivent aussi viser à la protection des sols, de l’eau et de l’air ambiants
La chaine d’approvisionnement de l’industrie pétrolière et gazière doit faire face à un enjeu majeur : synchroniser l’approvisionnement en équipements de natures diverses et d’origines multiples vers des régions parfois très difficiles d’accès. La sécurité, la conformité aux règlementations et évidemment l’environnement doivent également faire l’objet d’une attention toute particulière.
A toutes les étapes de la chaîne logistique (Approvisionnement, Production, Distribution) il existe un besoin de spécialistes avérés capables de comprendre les enjeux et d’optimiser la logistique.
LES ATTENTES
Dans une moindre mesure la mission est de satisfaire durablement, par l’innovation et l’action, les besoins des personnes en énergies
- Comprendre les enjeux de la distribution des hydrocarbures.
- D’analyser, de concevoir, d’implanter et de piloter une chaine logistique pétrolière
- Développer les outils de pilotage de la performance logistique.
- Travailler en équipe pluridisciplinaire, faire l’interface entre les aspects logistiques,
techniques et socio-économiques. - Gérer les opérations logistiques dans
l’industrie du pétrole. - Gérer les stocks de produits pétroliers.
Il demeure nécessaire et essentiel de savoir :
- optimiser l’acheminement de la matière première, le pétrole.
- planifier et suivre le pétrole dans son mouvement en vue de satisfaire les attentes et les besoins des consommateurs.
- quel produit livrer, à quel endroit, à quel moment / comment et quels moyens mettre en œuvre pour y arriver ?
CONCLUSION, une nouvelle géopolitique de la production du pétrole apparaît. L’ « offshore » profond et le « deep sea » vont avoir comme conséquence la multiplication des producteurs, une soixantaine de pays étant désormais concernés. Avec l’arctique, la mer de chine du sud et l’Amérique latine, la géographie des réserves est en passe de connaître une nouvelle cartographie. Dans le même temps, le transport du pétrole et la sécurisation des futures installations en mer va générer l’émergence de nouvelles puissances navales, de la chine au brésil. Plus que jamais, le pétrole apparaîtra dans les années qui viennent autant comme un objet géopolitique que comme une source d’énergie.
Il semble aujourd’hui admis que l’Afrique, sans être un nouveau Moyen-Orient, est déjà et deviendra encore plus à moyen terme un acteur significatif de la scène pétrolière mondiale. Si l’exploitation pétrolière de ce continent est relativement récente par rapport aux autres grandes zones que sont les États-Unis, la Russie, le Moyen-Orient ou l’Amérique du Sud, il bénéficie de plusieurs atouts qui devraient favoriser son développement, notamment pour sa partie subsaharienne.
Tout d’abord les progrès techniques, notamment au niveau de l’exploitation offshore, rendent désormais très facilement exploitables, et à des conditions économiques compétitives, les gisements situés au large de l’Afrique de l’Ouest subsaharienne, dans le golfe de Guinée ou dans les eaux territoriales de l’Angola. Le pétrole produit est de bonne qualité et cette région est de plus bien située par rapport aux marchés consommateurs d’Europe et des États-Unis. En revanche, si l’Afrique du Nord (essentiellement l’Algérie et la Libye) demeure un fournisseur important de l’Europe, notamment du fait de sa position géographique, elle présente des caractéristiques qui la rapprochent des pays du Moyen-Orient : nationalisation dans les années 1970, rôle prépondérant des compagnies nationales et forte sensibilité aux tensions politiques du monde arabo-musulman.
De plus, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne proposent des régimes juridiques d’exploitation relativement favorables aux investisseurs étrangers, tant en termes d’accès à la ressource que de régime fiscal, à un moment où les autres pays producteurs restent relativement fermés. L’exploitation se fait donc essentiellement par joint-venture (95 % de la production du Nigeria, plus grand pays producteur africain) ou par contrats de partage de production associant les compagnies nationales aux principales « majors ».
Cependant, ces grandes compagnies internationales doivent désormais compter avec les ONG, locales ou internationales, qui militent dans des domaines aussi divers que l’environnement, les problèmes humanitaires, la transparence financière ou les droits de l’homme. Et si l’action de ces ONG ne se traduit pas systématiquement par une opposition aux projets des compagnies, elle a contraint ces dernières à redéfinir le rapport qu’elles entretenaient avec leur environnement économique et politique en Afrique.
MOHAMADOU LAMINE SANO
Enseignant-chercheur au CREA à la FASEG-UCAD
Expert en Supply Chain et Logistique
Formateur au CFPC