Réunis le 18 décembre 2025 à Yaoundé, les principaux acteurs publics et financiers du Projet régional pour l’amélioration de la performance du corridor rail/route Douala–N’Djamena (PCDN) ont réaffirmé leur volonté d’accélérer la transformation de l’un des corridors logistiques les plus stratégiques d’Afrique centrale. La première session ordinaire du Comité national de pilotage (COPIL), tenue à l’hôtel Hilton sous la présidence du ministre camerounais des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, marque une étape clé dans la mise en œuvre opérationnelle du projet.
Un corridor stratégique pour l’hinterland sahélien
Véritable artère économique reliant le port de Douala aux marchés du Tchad et de la République centrafricaine, le corridor Douala–N’Djamena concentre une part majeure des flux d’import-export de l’hinterland de la CEMAC. Rail et route y jouent un rôle complémentaire, mais sont confrontés à des contraintes structurelles persistantes : vétusté des infrastructures ferroviaires, insuffisance de l’intermodalité, lenteurs administratives et lourdeurs douanières.
Dans son allocution d’ouverture, le ministre des Transports a rappelé le positionnement du Cameroun comme hub logistique régional, soulignant que le PCDN constitue une réponse concrète aux dysfonctionnements qui pénalisent la compétitivité du corridor et renchérissent les coûts de transport pour les opérateurs économiques.
Des partenaires financiers fortement mobilisés
La session a réuni l’ensemble des membres statutaires du COPIL, ainsi que des partenaires techniques et financiers de premier plan : Banque mondiale, Union européenne, Banque européenne d’investissement, Banque africaine de développement et Agence française de développement. Leur présence témoigne de l’enjeu régional du projet et de son fort potentiel d’impact sur le commerce et l’intégration économique en Afrique centrale.
Les travaux ont permis d’examiner les activités menées depuis l’entrée en vigueur du projet, le 13 juin 2024. Les unités de gestion des composantes ferroviaire et facilitation ont présenté un état détaillé des avancées, des difficultés rencontrées et des perspectives à court et moyen terme. Le Comité a salué les progrès réalisés tout en formulant des orientations visant à renforcer l’efficacité et la cohérence de la mise en œuvre.
Un plan 2026 axé sur la réhabilitation et la facilitation
Moment clé de la session : l’examen et l’adoption des orientations stratégiques pour 2026, assorties du Plan de travail et budget annuel (PTBA), arrêté à 11,12 milliards de FCFA, soit environ 6,2 % du financement global du projet.
Pour la composante ferroviaire, le PTBA prévoit notamment :
- l’acquisition d’équipements pour la réhabilitation de 238 km de voie ferrée entre Douala et Yaoundé ;
- le recrutement de consultants chargés de la maîtrise d’œuvre et du contrôle des travaux.
Du côté de la facilitation du transit, les priorités portent sur :
- la réhabilitation de la plateforme rail/route de Ngaoundéré, maillon clé de l’intermodalité ;
- l’acquisition d’équipements de sécurité routière ;
- le financement d’études et d’actions destinées à fluidifier le transit, moderniser les administrations douanières et améliorer la gestion des transports.
Une supervision renforcée pour un impact durable
Au terme des échanges, les membres du COPIL ont réaffirmé leur engagement à assurer une supervision étroite et rigoureuse du projet, afin de garantir le respect des délais, la transparence dans l’utilisation des ressources et la levée rapide de tout obstacle institutionnel.
Un hommage particulier a été rendu à l’appui de la Banque mondiale, dont le financement à travers l’Association internationale de développement (IDA) s’élève à 275,9 millions d’euros, soit environ 181 milliards de FCFA, un soutien jugé déterminant pour la réussite du PCDN.
À terme, le projet est appelé à améliorer durablement l’efficacité, la sécurité et la compétitivité du corridor Douala–N’Djamena. Pour les acteurs du transport, de la logistique et de la supply chain, les enjeux sont considérables : réduction des délais et des coûts, meilleure fiabilité des flux, renforcement des échanges commerciaux et intégration économique accrue au sein de la CEMAC.
Dans un contexte de forte pression sur les chaînes d’approvisionnement régionales, la modernisation de ce corridor apparaît plus que jamais comme un levier stratégique au service du développement économique du Cameroun, du Tchad et de l’ensemble de l’Afrique centrale.

