Composée de quatre experts européens en matière de transport, cette délégation mène actuellement une étude d’identification et de cartographie de projets potentiels afin de mieux comprendre les difficultés actuelles de fonctionnement de ce corridor et de proposer des initiatives susceptibles d’être intégrées dans le nouveau mécanisme européen Global Gateway. L’objectif est de contribuer à la redynamisation du corridor et au développement des échanges entre le Congo, la République centrafricaine, la RDC et l’Union européenne. Dans ce cadre, la délégation, conduite par Jean-Marc Gauthier, expert en infrastructures régionales de transport, a rencontré, le 29 janvier 2025, l’équipe dirigeante du Port Autonome de Pointe-Noire, qui joue un rôle de premier plan dans ce corridor.
Pendant des décennies, ce corridor reliant Pointe-Noire, Brazzaville, Kinshasa et Bangui a constitué une artère vitale pour la région, facilitant la circulation des biens et des personnes. Le trafic sur ce corridor fluvial demeure indispensable au maintien des activités économiques et à la survie des villages riverains. Autrefois, la voie fluviale permettait d’écouler les produits alimentaires des centres de production vers les grandes agglomérations. Cependant, le manque d’infrastructures et la faible connectivité entre les rives ont freiné le transport sur le fleuve Congo-Oubangui, qui servait autrefois de plaque tournante pour les échanges entre les deux Congos et la République centrafricaine. Outre ces insuffisances, le trafic fluvial est également affecté par l’ensablement, provoquant chaque année des perturbations dans la chaîne logistique. La vétusté des infrastructures, telles que les quais ainsi que les engins de dragage et de balisage, figure parmi les causes de la baisse du trafic sur ce corridor vital.
Pour relever ces défis, l’Union européenne, en partenariat avec les gouvernements des pays concernés, envisage de mettre en œuvre un éventail d’activités, notamment :
- Le développement et la modernisation des infrastructures (routes, chemins de fer et voies navigables) ;
- La facilitation des échanges et la simplification des procédures douanières ;
- L’harmonisation des réglementations ;
- Le renforcement de la connectivité numérique, notamment par l’extension de l’accès aux technologies et au commerce électronique ;
- La coopération régionale, par le biais du renforcement des partenariats entre les pays afin de promouvoir le commerce transfrontalier et les investissements.
L’engagement de l’Union européenne en faveur de la relance du corridor Pointe-Noire – Brazzaville – Kinshasa – Bangui est un signal fort de sa détermination à soutenir le développement durable en Afrique. Jean-Marc Gauthier, s’exprimant sur les motivations de leur venue au Port Autonome de Pointe-Noire, a déclaré :
« L’objet de notre présence au port de Pointe-Noire est de recueillir les idées des dirigeants de ce port, particulièrement dynamique et principal sur la façade atlantique, afin de dynamiser le transport des marchandises — qu’il s’agisse de vrac, de conteneurs ou de bois — entre Bangui et le nord de la RDC. Le port a un rôle important à jouer dans la redynamisation de ce corridor. »
Séraphin Bhalat, directeur général du Port Autonome de Pointe-Noire, s’est montré satisfait que l’initiative de l’Union européenne s’inscrive dans la vision des responsables du port. Il a indiqué que cette mission vient renforcer cette vision en déclarant :
« Nous avons un plan stratégique 2022-2026 qui met l’accent sur les corridors, sans lesquels le port ne pourrait remplir sa mission. Aujourd’hui, 80 % de notre trafic consiste en transbordement et 20 % en transit. Nous souhaitons inverser cette tendance en augmentant la part du transit, notamment en améliorant les autres modes de transport — fluvial, ferroviaire et routier. Nous visons ainsi la RDC, la République centrafricaine et, pourquoi pas, aller plus loin pour reconquérir le trafic que nous avions autrefois. »
Il a également accueilli favorablement le retour de l’assistance de l’Union européenne, qui avait soutenu précédemment l’aménagement des voies de navigation sur ce corridor fluvial :
« Nous nous réjouissons de ces initiatives prises par l’Union européenne pour relancer le corridor Pointe-Noire – Brazzaville – Kinshasa – Bangui. »
Ces initiatives visent à stimuler la croissance économique en améliorant l’accès aux marchés et en réduisant les coûts de transport, à créer des emplois grâce au développement des infrastructures et à l’augmentation de l’activité économique, ainsi qu’à réduire la pauvreté en améliorant le niveau de vie et en élargissant les opportunités.
Par Antoine Dustell Mbama, Correspondant de Logis-T Africa en République du Congo