Une récente demande d’informations (RFI) émise par Transnet d’Afrique du Sud et Botswana Railways, destinée à évaluer le potentiel de marché du projet ferroviaire Mmamabula–Lephalale, a suscité un vif intérêt. Des clients potentiels se sont engagés à transporter 15 millions de tonnes de marchandises dès la mise en service du projet. Ces volumes devraient atteindre 37 millions de tonnes dans trois ans, se maintenir à ce niveau pendant huit ans, puis grimper à 44 millions de tonnes en une décennie.
Lors du Sommet des investisseurs pour la liaison ferroviaire Mmamabula–Lephalale, organisé à Gaborone (Botswana), Wilson Mogoba, directeur du développement commercial chez Transnet SOC Limited, a souligné la forte demande du marché pour ce projet. La ligne ferroviaire projetée vise à relier les gisements de charbon de Mmamabula, au Botswana, à Lephalale, en Afrique du Sud, afin de faciliter le transport du charbon destiné à la production d’électricité et à d’éventuelles exportations via les ports sud-africains.
Mogoba a précisé que la demande exprimée dans la RFI dépassait les prévisions initiales de Transnet et Botswana Railways, qui tablaient sur une demande initiale de 6,6 millions de tonnes, avec une progression attendue à 16,5 millions de tonnes d’ici 2050.
La RFI a également révélé un fort intérêt des investisseurs, avec des engagements non seulement sur les volumes à transporter, mais aussi sur le financement du projet, que ce soit sous forme de dette ou de prises de participation. Certains investisseurs se sont aussi dits prêts à investir dans le matériel roulant. Toutefois, Mogoba a souligné que les investisseurs potentiels exigent des engagements clairs des gouvernements botswanais et sud-africain à travers des accords intergouvernementaux solides. Ils attendent aussi un soutien affirmé de Transnet et de Botswana Railways pour garantir la viabilité du projet.
Les investisseurs ont en outre demandé des avantages fiscaux, des exonérations temporaires d’impôts, ainsi qu’une capacité garantie au port de Richards Bay, en Afrique du Sud, pour les marchandises transportées. Ils souhaitent également que les deux opérateurs ferroviaires modernisent les lignes existantes qui se connecteront à la liaison Mmamabula–Lephalale. Un autre point crucial est la création d’un poste frontière plus fluide et efficace, en remplacement des procédures actuelles jugées trop longues. Enfin, les deux gouvernements devront sécuriser et attribuer les terrains nécessaires au projet.
Sur le plan opérationnel, Mogoba a indiqué que la ligne fonctionnera avec un minimum de 100 wagons et un maximum de 200 wagons. Le système est conçu pour un fonctionnement continu sans arrêt à la frontière, avec un temps de rotation estimé à 92 heures entre Mmamabula et Richards Bay.
Le coût total de la première phase du projet est estimé à 627 millions de dollars US. Sur ce montant, 96 millions seront investis en Afrique du Sud, pour la section « greenfield » allant du-delà de la rivière Limpopo à Lephalale. Au Botswana, 328 millions de dollars seront consacrés à la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire de 70 kilomètres. Le matériel roulant de cette première phase est, quant à lui, estimé à environ 200 millions de dollars.
Mogoba a ajouté qu’environ 1,1 milliard de dollars US seront nécessaires pour construire un segment ferroviaire de 120 kilomètres, en s’appuyant sur le réseau existant de 900 kilomètres en Afrique du Sud.
Sur le plan économique, le directeur général par intérim de Botswana Railways a affirmé que la ligne contribuera à la croissance économique du Botswana, attirera des investissements directs étrangers (IDE), et renforcera la connectivité régionale. Le projet devrait également positionner le Botswana comme un hub stratégique du transport en Afrique australe.
Enfin, Charles Siwawa, directeur général de la Chambre des mines du Botswana, a rappelé l’importance du transport ferroviaire pour les produits miniers en vrac comme le charbon, le cuivre et le minerai de fer, qui constituent des ressources majeures du pays. Il a ajouté que la ligne Mmamabula–Lephalale pourrait aussi servir au transport d’autres minerais, comme le sel de soude, le manganèse, ou encore des produits pétroliers.