Comment des relations plus solides favorisent l’excellence des achats en Afrique

Les achats sont de plus en plus reconnus comme l’un des leviers économiques les plus puissants en Afrique. Les marchés publics représentent en moyenne 17 % du PIB des pays africains, ce qui en fait un moteur essentiel de la fourniture d’infrastructures, de services publics et de développement national (Banque mondiale, 2023).

Au-delà de son poids macroéconomique, le secteur connaît également une croissance impressionnante en termes de valeur et de sophistication. En 2022, le marché de l’analyse des achats au Moyen-Orient et en Afrique a généré 178 millions de dollars (environ 3,36 milliards de rands) et devrait croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 25,2 % jusqu’en 2030 (Grand View Research). De même, le marché régional de l’approvisionnement et des achats dans le secteur du commerce de détail devrait dépasser 510 millions de dollars (environ 9,64 milliards de rands) d’ici 2030, tiré par le besoin croissant de stratégies d’achat agiles et appuyées par la technologie (Grand View Research).

Pourtant, au milieu de ces mutations numériques et de ces investissements croissants, un changement plus discret – mais tout aussi transformateur – est en train de s’opérer. Il ne repose pas sur des systèmes de données ou l’automatisation, mais sur la puissance des relations humaines.

Les achats ne se résument plus à de simples transactions : il s’agit désormais de créer de la valeur par le biais de partenariats. Dans un environnement complexe comme celui d’aujourd’hui, la solidité des relations avec les fournisseurs et les parties prenantes peut déterminer le succès – ou l’échec – de toute la chaîne d’approvisionnement.

Cela est particulièrement vrai dans un monde marqué par des tensions géopolitiques, des perturbations commerciales et des incertitudes croissantes dans les chaînes d’approvisionnement. Des marchés de l’énergie et des matières premières aux réseaux logistiques, les professionnels des achats subissent une pression croissante pour assurer la continuité et la performance dans un contexte imprévisible.

De solides relations fournisseurs deviennent une forme d’assurance stratégique. Dans un paysage mondial instable, ce sont ces relations qui offrent la flexibilité et la vision nécessaires pour faire face aux perturbations tout en maintenant les résultats attendus.

Partout en Afrique, les responsables des achats adoptent de plus en plus des approches fondées sur la collaboration, la transparence et l’engagement à long terme – non plus seulement comme des idéaux éthiques, mais comme des facteurs clés de différenciation stratégique. Le développement des relations n’est plus une compétence douce : c’est désormais un moteur central de la gestion des risques, de l’innovation fournisseur et de la croissance durable.

De nombreuses études confirment cela. Des recherches publiées dans l’African Journal of Procurement, Logistics and Supply Chain Management mettent en évidence un lien fort entre la gestion des relations fournisseurs (GRF) et la performance organisationnelle, en particulier dans les marchés publics où responsabilité, continuité et confiance sont cruciales (AJOL, 2024). Des conclusions similaires, soulignant le rôle de la GRF dans le renforcement de la résilience opérationnelle, sont reprises dans des publications récentes sur ResearchGate.

Cette approche fondée sur les relations transforme déjà les résultats des achats sur le continent. Dans le secteur de la santé, par exemple, une coopération plus étroite entre les agences publiques et les fournisseurs privés a permis d’améliorer la distribution de médicaments essentiels. Dans les secteurs de l’énergie et des mines, des partenariats fournisseurs à long terme permettent aux entreprises d’affronter les marchés volatils et les pressions logistiques avec plus de stabilité et de confiance.

La confiance doit être cultivée de manière intentionnelle. Elle ne se construit pas du jour au lendemain – elle se gagne par la transparence, la régularité et le respect mutuel. Les professionnels des achats qui instaurent cette confiance bénéficient d’un avantage clair lorsque les perturbations surviennent.

Les crises mondiales récentes – notamment la pandémie de COVID-19 et les embouteillages portuaires généralisés en Afrique de l’Ouest et australe – en sont une illustration claire. Les organisations entretenant de solides relations fournisseurs ont su activer des réseaux locaux, diversifier rapidement leurs sources d’approvisionnement et maintenir leurs opérations sous pression, tandis que celles reposant sur des contrats rigides ou cloisonnés ont peiné à s’adapter.

La technologie vient renforcer ces dynamiques, non les remplacer. Les tableaux de bord fournisseurs dopés à l’IA, les systèmes d’achats basés sur la blockchain ou encore les plateformes de collaboration en cloud facilitent le suivi des performances, le partage d’informations et l’approfondissement des relations fournisseurs.

La transformation numérique est un levier essentiel – mais elle fonctionne mieux lorsqu’elle s’appuie sur une base solide de relations humaines. Les données vous informent sur ce qui se passe dans votre chaîne d’approvisionnement, mais seule la confiance et la collaboration permettent d’y répondre de manière stratégique et compétitive.

Un des grands bénéfices des relations solides est l’accélération de l’innovation. Dans des secteurs comme les télécommunications ou l’agriculture, les organisations qui associent leurs fournisseurs dès les premières étapes de planification et de conception améliorent leur efficacité, leur réactivité et leurs coûts.

Quand vous traitez vos fournisseurs comme de véritables partenaires, ils sont plus enclins à proposer de nouvelles idées. C’est ainsi que l’on stimule l’innovation – non pas par la pression, mais par la collaboration.

La diversité joue aussi un rôle dans la manière dont les équipes achats nouent et entretiennent ces partenariats. La présence croissante des femmes à des postes de direction dans les achats renforce les approches basées sur la relation et contribue à une culture plus fondée sur les valeurs.

C’est dans cet esprit que CIPS Africa lancera le nouveau prix She Inspires Award lors de la Conférence & Cérémonie des prix CIPS Africa 2025, afin de célébrer les femmes qui font progresser l’excellence dans la profession.

Les équipes achats dirigées par des femmes sont souvent à l’avant-garde de la durabilité, des achats responsables et de l’éthique dans les chaînes d’approvisionnement. Nous voulons célébrer cet impact et créer des plateformes où davantage de femmes pourront diriger, influencer et inspirer la profession.

Ces thématiques seront au cœur des discussions lors de la Conférence & Cérémonie des prix CIPS Africa 2025, prévue les 6 et 7 août à l’hôtel The Houghton à Johannesburg. Sous le thème « Connecter & S’engager », l’événement explorera comment des liens plus forts – entre acheteurs et fournisseurs, secteurs public et privé, et professionnels à travers les frontières – peuvent libérer un nouveau potentiel d’excellence dans les achats.

La conférence de cette année ne se limite pas à l’apprentissage – il s’agit de se connecter. C’est un espace pour les professionnels des achats afin de partager, collaborer et construire les relations qui façonneront l’avenir de notre secteur.

Source : LOGISTICS NEWS