Le mardi 16 décembre 2025, à Yimdi, le président burkinabais, le Capitaine Ibrahim Traoré a donné le coup d’envoi d’un projet titanesque : la construction de l’autoroute reliant Ouagadougou à Bobo-Dioulasso. Entre rupture de paradigme financier et ambition infrastructurelle, le « Pays des Hommes intègres » vient de donner le coup d’envoi d’un chantier qui promet de modifier durablement les flux dans le pays.
Un monstre technique au service de la performance
L’infrastructure, intégrée à l’Initiative présidentielle Faso Mêbo, d’une longueur de 332 km, se présente comme suit :
- Un gabarit hors norme : Une emprise de 100 mètres pour accueillir huit voies de circulation (4 dans chaque sens).
- Fluidité absolue : 9 échangeurs à deux niveaux, 28 passages supérieurs et un passage inférieur à l’entrée de Bobo-Dioulasso, pour éliminer tout point de rupture.
- Vitesse et Sécurité : Hors zones urbaines, la conception permettra une vitesse de pointe de 140 km/h, réduisant drastiquement les délais de livraison pour le fret.
Le pari de l’autofinancement : Le modèle « Faso Mêbo »
Dans un contexte où les grands projets d’infrastructure africains dépendent traditionnellement de l’endettement extérieur, le Burkina Faso choisit de financer cette infrastructure stratégique exclusivement sur fonds propres.
Le Capitaine Traoré a d’ores et déjà instruit le ministère des Finances de mobiliser une enveloppe minimale de 200 milliards de FCFA dans le budget 2026. L’objectif est clair : maintenir un « rythme infernal » de travaux, 24h/24, pour éviter l’enlisement habituel des grands chantiers continentaux.
Vers un maillage territorial intégral
Cette autoroute n’est que la première pierre de l’initiative Faso Mêbo. « On veut rejoindre tous les chefs-lieux de régions par des autoroutes », a affirmé le Chef de l’État burkinabais.
Cette vision globale explique d’ailleurs le récent recalibrage du projet Koudougou-Yako, initialement prévu comme une route simple, et désormais requalifié en autoroute 2 x 2 voies pour s’insérer dans ce futur réseau interconnecté.
L’impact attendu sur la Supply Chain régionale
Pour les chargeurs et les transitaires, l’enjeu dépasse les frontières nationales. En facilitant le transit entre Ouagadougou et la seconde ville du pays, c’est tout le corridor reliant les ports de la côte (Abidjan, Lomé, Tema, Cotonou) au Sahel qui gagne en fluidité.
Si les promesses de célérité sont tenues, le Burkina Faso pourrait bien réussir son pari : passer du statut de pays enclavé à celui de carrefour incontournable du commerce transsaharien. Mais pour cela, le défi sera double : maintenir la cadence financière sur le long terme et garantir la maintenance d’un ouvrage d’une telle complexité technique.

