par Carlos Kpodiefin
La tenue du 7e Sommet Union africaine (UA) – Union européenne (UE) à Luanda, en Angola, les 24 et 25 novembre 2025, a servi de plateforme à une annonce majeure pour le secteur des infrastructures en Afrique centrale et australe. L’Égypte a clairement manifesté son intérêt stratégique à s’investir dans le projet vital du Corridor de Lobito, un signal fort de la coopération Sud-Sud dans le domaine du transport.
Une expertise égyptienne au service d’un mégaprojet continental
Lors d’un entretien bilatéral en marge du Sommet, le Premier ministre égyptien, Moustafa Madbouly, a exposé au président angolais, João Lourenço, la volonté d’investissement des entreprises égyptiennes dans cet axe logistique.
Cette annonce souligne la position de l’Égypte, traditionnellement très active dans les grands travaux nationaux et régionaux, en tant qu’acteur potentiel majeur pour le financement et la réalisation de ce corridor transcontinental.
Le Corridor de Lobito : un game changer logistique
Le Corridor de Lobito est bien plus qu’une simple ligne de chemin de fer. Il est destiné à devenir la première liaison transcontinentale intégrée d’Afrique, reliant le port de Lobito sur la côte atlantique de l’Angola, à la République démocratique du Congo (RDC) et à la Zambie.
Son impact sur la logistique régionale est attendu comme étant drastique. Le projet vise à réduire le temps de transit des marchandises de près d’un mois à seulement une semaine pour les minerais et autres cargaisons acheminées vers les marchés mondiaux, optimisant ainsi considérablement l’exportation des ressources stratégiques d’Afrique centrale et australe.
Au-delà du rail : une coopération bilatérale renforcée
L’ambition égyptienne ne s’arrête pas aux infrastructures terrestres. M. Madbouly a également fait état de discussions en cours visant à renforcer les échanges et les investissements bilatéraux entre les deux nations.
- L’Égypte souhaite accélérer la mise en œuvre des mémorandums d’entente déjà signés.
- Des négociations sont en cours pour l’établissement de liaisons aériennes directes entre l’Égypte et l’Angola, un facteur clé pour faciliter les échanges commerciaux et l’afflux d’investissements.
Ces avancées devraient être concrétisées lors de la prochaine session du comité conjoint entre l’Égypte et l’Angola, prévue les 4 et 5 décembre 2025 à Luanda. Le président Lourenço a, quant à lui, exprimé sa volonté de voir cette coopération s’accroître « tous azimuts ».
L’entrée en lice potentielle de l’Égypte dans le Corridor de Lobito est une excellente nouvelle pour l’intégration africaine. Elle apporte non seulement des capitaux et une expertise reconnue (notamment dans les grands chantiers du Canal de Suez et du Grand Caire), mais elle ancre également le projet dans une logique de coopération Sud-Sud, le libérant en partie de la dépendance aux financements occidentaux ou asiatiques. Ce corridor est un test décisif pour la capacité de l’Afrique à se doter de ses propres artères logistiques vitales.

